s. m. Est un ornement Pontifical propre aux Souverains Pontifes, Patriarches, Primats & Metropolitains, qu'ils portent par dessus leurs habits Pontificaux en signe de jurisdiction. Il est fait en forme de bande large de trois doigts, qui entoure les espaules comme de petites bretelles, ayant des pendants longs d'un palme par devant & par derriere, avec de petites lames de plomb arondies aux extremitez, couvertes de soye noire avec quatre croix rouges. Il est fait d'une laine blanche tonduë sur deux agneaux, que des Religieuses de St. Agnés offrent tous les ans le jour de sa Feste pendant qu'on chante à la Messe l'Agnus Dei. Ils sont receus par deux Chanoines de l'Eglise de St. Jean de Latran, qui les mettent entre les mains des Sous-Diacres Apostoliques. Ce sont eux qui ont soin de les faire paistre & tondre en la saison. Il n'appartient qu'à eux de faire ces Palliums, qu'ils portent ensuite sur les corps de St. Pierre & de St. Paul au grand Autel de leur Eglise, sur lesquels on fait des prieres toute la nuit, comme il est témoigné dans le Ceremonial Romain. Quelques-uns croyent que ce fut le Pape Linus qui en a introduit l'usage, comme dit Eusebe de Cesarée ; & que comme l'Ephod étoit la marque d'autorité des Prestres de la Synagogue, le Pallium le fut de même de celle des Prêtres Chrestiens. D'autres ont observé qu'il n'en est point fait de mention jusqu'en l'an 336. D'autres enfin croyent que ce fut Constantin le Grand qui l'accorda au Pape Silvestre, d'où il est venu aux autres Patriarches & Archevêques. Il n'appartient proprement qu'au Pape d'accorder le Pallium, quoy que quelques Patriarches l'ayent accordé à leurs Suffragants, aprés l'avoir eux-mêmes receu du Siege Romain. Autrefois le Pape envoyoit le Pallium à quelques Evêques ses Diocesains, auxquels il communiquoit beaucoup de son autorité. Ils étoient les Collateraux du Pape, & comme les Patrices à l'égard des Empereurs. Le premier des Evêques de France qui le receut fut Vigile Archevesque d'Arles, afin d'avoir la preference sur les autres Evêques, en faveur duquel Childebert II. écrivit au Pape St. Gregoire, comme dit Pasquier. Quelques Archevesques ont entouré leurs Armoiries du Pallium en forme de collier d'Ordre, parce que c'est la marque particuliere de leur dignité. Autrefois il falloit l'aller querir à Rome en personne ; ensuite on en a envoyé par les Legats du Pape ; & enfin on en a envoyé demander par gens exprés avec cette formule, Instanter, instantiùs, instantissimè. Un Metropolitain avant que d'avoir le Pallium ne peut pas consacrer des Evêques, dedier des Eglises, & estre appellé Archevesque ; & lors qu'il étoit transferé, il falloit qu'il demandast le Pallium de nouveau, & jusques là il ne pouvoit tenir de Synode, ni faire d'autres fonctions Pontificales. On enterroit les Archevesques avec leur Pallium, & on l'ostoit à ceux qui meritoient d'estre degradez. Quelquefois l'usage du Pallium a été restraint & renfermé en certaines occasions & ceremonies, n'y ayant que le Pape qui ait droit de le porter toûjours & en tous lieux. Quelquefois le Pape l'a envoyé à des Evêques personnellement, mais avec quelque formule particuliere rapportée dans le Liber Diurnus Romanorum Pontificum du Pere Garnier. Quelquefois il a donné ce droit à des Eglises particulieres. Chez les Grecs tous les Evêques portent le Pallium. Quelques Auteurs l'appellent Superhumerale. Il est parlé dans plusieurs Titres anciens d'un Pallium, qui étoit un habit long semé de plusieurs croix : & Tertullien témoigne que c'étoit l'habit des Chrestiens, & que celuy des Payens s'appelloit toga. On l'a dit aussi d'un habit propre aux Moines, d'un voile de Religieuses, & du drap qu'on estend pendant la Messe sur les gens qu'on marie, qu'on a depuis appellé Poile.