v. n. Vivre en langueur, voir alterer de jour en jour sa santé, attendre la mort. La pleuresie emporte bientost les plus robustes, elle ne les fait gueres languir. La goutte, la gravelle, font long-temps languir les viellards. On appelle coup de grace, celuy qu'on donne sur l'estomac des roüez pour les empêcher de languir.

LANGUIR, se dit aussi en parlant des incommoditez de la vie, des besoins, de toutes sortes de souffrances, & d'afflictions. Les oeuvres de misericorde enseignent à soûlager ceux qui languissent de froid, de faim & de soif, qui languissent dans la misere, dans la pauvreté, dans les prisons, dans l'esclavage chez les Infidelles.

LANGUIR, se dit aussi de ce qui n'est pas dans sa force, dans son activité, dans sa chaleur ordinaire. L'absence du Soleil fait languir toute la nature. Cet attelier languit, il n'y a pas la moitié des ouvriers qu'il avoit accoustumé d'avoir. Le Palais languit, on ne poursuit point les affaires avec la chaleur des années précedentes.

LANGUIR, se dit figurément des choses spirituelles & morales. L'espouse dit dans le Cantique, qu'elle languit d'amour. Les Courtisans languissent long-temps à la Cour dans l'espoir de faire fortune. Les débiteurs font long-temps languir leurs creanciers dans l'attente de leur payement. En ce sens on dit qu'un discours, que des vers languissent, lors qu'il y a de l'inégalité, qu'il ne sont pas soustenus avec la même force : qu'une piece de theatre languit, lors qu'elle n'imprime pas assez vivement les passions, qu'elle n'interesse pas assez les spectateurs : qu'un stile languit, lors qu'il n'est pas soustenu de nobles expressions, ou de belles pensées : que la conversation languit, quand elle se fait entre des gens peu spirituels, ou melancoliques qui se taisent souvent, ou qui n'ont rien à dire d'agreable, si vous ostez ces deux belles voix des ce concert, il ne fera plus que languir.