s. m. Serpent qu'on dit tuer par ses regards, & estre le Roy des serpents. Galien dit que le basilic est un serpent jaunastre, ayant la teste munie de trois petites éminences, marquetée de taches blancheastres en forme de couronne ; ce qui l'a fait nommer Roy des serpents. Sa morsure, son sifflement, & son toucher font mourir tous les autres animaux. Pas une beste n'ose manger de sa charogne quand il est mort. On meurt subitement pour en avoir mangé, ou même pour avoir mangé des bestes mortes par sa morsure. Aelian dit qu'il n'a pas plus d'un palme, & que son venin est si penetrant, qu'il fait mourir les plus grands serpents par sa seule vapeur, & qu'il tuë soudain ceux qui l'ont touché de loin avec une perche, ou autre arme d'hast ; qu'il fait mourir toutes les plantes par où il passe ; qu'il brusle les herbes, & rompt les pierres, tant sa vapeur est venimeuse. Pline dit que dans la region Cyrenaïque en Ethiopie autour de la fontaine Nigris qu'il croit estre la source du Nil, il y a un serpent qu'il nomme Catoblepas, qui est petit, & incommodé de ses membres, qui a la teste si pesante, qu'il ne la peut soustenir, c'est pourquoy il la porte toûjours inclinée vers la terre ; qui est si venimeux, qu'il tuë tous ceux qui l'ont seulement regardé ; (il entend parler du basilic ) & que la belette est son ennemie, & que si on en fait jetter une dans sa taniere, elle tuë & étouffe le basilic par son haleine & son odeur. Et Solin dit que ceux de Pergame acheterent cherement un corps mort de basilic, pour empêcher les araignées de faire leurs toiles dans le Temple d'Apollon. Nonobstant cela le basilic passe chez les Modernes pour un serpent fabuleux, d'autant plus qu'on dit qu'il naist de l'oeuf d'un vieil coq. Les Auteurs en font cent contes ridicules. Ils disent que s'il regarde le premier quelqu'un, il le tuë ; mais que s'il en est regardé le premier, il meurt luy-même : que l'homme qui crache sur luy à jeun le fait mourir, ou quand il a communié, & mille autres choses si particulieres, que tous les gens de bon sens avec Matthiole s'étonnent des relations qu'ils en font, qui ne peuvent être vraisemblables, à moins qu'ils n'en ayent nourri quelques-uns. En Latin basiliscus, regulus. Basiliscus vient du Grec basileus.

BASILIC, en termes de Guerre, est le plus gros des canons qui porte jusqu'à 160. livres de balle ; mais il n'est plus de service. Hanzelet l'appelle double couleuvrine, & luy donne 26. calibres de long, & 28. livres de balle.

BASILIC, est aussi une petite herbe odoriferante que l'on mange. On l'éleve d'ordinaire dans des pots & dans des caisses. Il y en a de trois sortes. Le premier a ses feuilles longues, larges, espaisses, & semblables à celles du citronnier. Le second a des feuilles & des branches plus petites, & on le prend aisément pour un citronnier, tant il luy ressemble : aussi les Arabes luy en ont-ils donné le nom. Le troisiéme s'appelle Gentil, parce que ses feuilles sont petites & menuës, & qu'il surpasse en odeur les deux autres especes. Serapion appelle celuy-cy basilic girofle, & l'autre basilic citronnier. Theophraste dit que le basilic exposé au soleil degenere en serpolet. En Latin ocymon, basiliscon. Dioscoride parle d'une autre espece de basilic qu'on appelle acinus, qui differe des autres, parce qu'il a ses fleurs & ses branches veluës. Il y a un basilic sauvage qu'on appelle en Latin ocymastrum, qui est semblable au basilic des jardins. Il croist parmy les bleds, le long des champs semez, & auprés des hayes. Il a les fleurs blanches, & quelquefois rouges. Il y a un autre basilic d'eau, en Latin erinus, ou ocymum aquaticum, qui croist auprés des fontaines & des rivieres. Il pousse cinq ou six jettons hauts d'un palme. Sa feuille est petite & chiquetée. Sa fleur est blanche, sa graine noire & picquante ; il en sort un jus blanc & doux comme lait. Pline dit que sa feuille sert de contrepoison.