v. act. Abuser de l'ignorance ou de la facilité de quelqu'un, luy faire passer des choses pour autres qu'elles ne sont. Dieu ne peut tromper, ni estre trompé. Un Marchand tromperoit son pere sur la marchandise. Il y a peu de personnes qui ne trompent au jeu, quand ils le peuvent faire.

TROMPER, avec le pronom personnel, se dit de soy-même, quand par erreur on prend une chose pour une autre. Les plus grands esprits sont sujets à se tromper. Cet homme, si je ne me trompe, est un hypocrite. Ces jumeaux se ressemblent si fort, qu'il n'y a personne qui ne s'y trompe. Menage croit que ce mot vient de l'Espagnol traupa, qui signifie un instrument à prendre des souris, que les Italiens appellent trappola, & les Latins decipula. Il vient plûtost du langage Celtique ou Bas-Breton, où trompa signifie tromper, & trompler signifie un trompeur.

TROMPER, se dit aussi des choses qui sont cause que nous nous sommes trompez. Le calme, le beau temps nous a trompez, nous a fait mettre en chemin. L'oeuil nous trompe, nous fait voir les choses autres qu'elles ne sont. Sa maladie ne m'a point trompé, je n'en ay jamais eu bonne opinion. Cette perspective trompe agreablement. Cette gresle a trompé l'esperance des Laboureurs.

TROMPER, se dit figurément en choses morales. Les passions trompent nostre jugement. On est bien trompé par l'apparence. Le malin Esprit nous trompe par des illusions, par des songes & des visions trompeuses.

TROMPER, se dit proverbialement en ces phrases. On appelle un niais de Sologne, celuy qui se trompe à son profit. On dit aussi, qu'un homme trompe la calebasse, pour dire, qu'il prend quelque chose sur ce qui est commun, à l'insceu de son associé.