s. m. Terme relatif, opposé à bruit, cris, & tumulte. Les amants vont troubler de leurs plaintes le silence des bois. Tout est tranquille & dans un profond silence en ce pays-là. Les Huissiers Audienciers sont établis pour faire faire silence.

Taisez vous, rossignols ; zephirs, faites silence.

SILENCE, se dit aussi de la discretion qui fait qu'on retient des paroles qu'on n'ose ou qu'on ne veut pas prononcer. Dans les Monasteres il y a l'heure du silence. Il faut observer le silence dans le dortoir. Cette femme par discretion a gardé long-temps le silence, les mauvais traittements de son mary l'ont enfin obligée à rompre le silence. Je me plains de vostre silence, je n'ay point de réponse, vous ne me faites point sçavoir de vos nouvelles. Demosthene se vantoit qu'on achetoit plus son silence, que l'eloquence des autres. Les Disciples de Pythagore étoient obligez de garder un silence de cinq ans. Domitien fut le premier des Empereurs qui introduisit la coûtume de faire crier par un Heraut, Faites silence, quand il vouloit annoncer ses volontez au peuple, comme témoigne Dion Cassius.

SILENCE, se dit aussi d'un empêchement de parler ou d'agir. Dans les Lettres d'abolition le Roy impose un silence perpetuel à son Procureur General, luy deffend d'agir, de faire la recherche d'un crime. Le President impose silence à un Advocat, lors qu'il est trop long, & qu'il dit de trop fortes invectives. On dit aussi, qu'un Orateur passe sous silence quelque chose, lors que la discretion l'empêche d'en faire mention expresse, & qu'il se contente de la designer en passant.

SILENCE, est aussi une souffrance, un manque de reclamer, ou de se plaindre, de s'opposer à quelque chose. En Jurisprudence le silence passe pour une approbation. Il est demeuré dans le silence pendant dix, vingt & trente ans qu'il m'a veu posseder cet heritage, cela m'a acquis prescription. On oppose à une Religieuse son silence, quand elle a été cinq ans sans reclamer, sans faire protestation contre ses voeux.