v. act. Avoir beaucoup de lecture ou de meditation pour acquerir la connoissance des choses. Nous avons naturellement un desir de sçavoir. La Philosophie nous fait sçavoir les causes des effets que nous voyons. Une marque que le monde est bien vieux, c'est qu'il sçait bien des choses. Il faut sçavoir les choses à fonds, & non superficiellement.

SÇAVOIR, se dit aussi en parlant des connoissances qu'on rend publiques par des proclamations, affiches, ou significations. Dans les cris publics on fait sçavoir à tous qu'il appartiendra. Les sentences portent, A tous ceux qui ces presentes verront, salut, sçavoir faisons que &c. On luy a declaré & fait à sçavoir par une signification expresse, qu'il eust à desloger ; qu'il y avoit eu un tel arrest, à ce qu'il n'en pretendist cause d'ignorance. En beaucoup de lieux les sentences & les contracts commencent par ces mots, Sçachent tous.

SÇAVOIR, se dit aussi des connoissances de simples faits, des particularitez. Je sçay ce qui s'est passé. Je sçay le respect qu'on doit aux Puissances. Je ne veux rien sçavoir de tout ce qu'il a dit contre moy. Faites moy sçavoir le detail de cette action. Je sçay tout ce qu'on peut dire là-dessus. Il n'y a point d'Auteur, que je sçache, qui ait parlé de cette matiere. Que sçait-on s'il n'y a point d'hommes dans la Lune ? Que sçavons-nous combien nous avons encore à vivre ? Je veux bien qu'on sçache tout ce que je fais.

SÇAVOIR, se dit encore de ce qui se fait avec connoissance, avec reflexion. Ce Prince sçait bien ce qu'il fait, il ne se trompe gueres ; il sçait bien tenir ses sujets dans le devoir ; il a bien monstré ce qu'il sçavoit faire. Ce Poëte sçait bien tourner des vers, une pensée. Il a esté tellement troublé & interdit par cet accident, qu'il n'a sceu ce qu'il disoit, ni ce qu'il faisoit. JESUS-CHRIST a demandé pardon pour les Juifs, parce qu'ils ne sçavoient pas ce qu'ils faisoient.

SÇAVOIR, se dit aussi des connoissances qui sont simplement en la memoire. Il sçait tout son Office par coeur. Il sçait sa lecon sur le bout du doigt. Il sçait cela comme son Pater.

SÇAVOIR, se dit aussi d'une action, d'un témoignage de la volonté. Quand quelqu'un nous rend service, il faut luy en sçavoir gré. Je sçay bon gré aux Auteurs qui censurent les vices, qui ne flattent point. Je luy sçais mauvais gré d'avoir escrit une telle proposition.

SÇAVOIR, se dit aussi des forces & puissances corporelles, & sur tout avec la negative. On ne sçauroit assez blasmer le luxe, le libertinage du siecle. On ne sçauroit lever ce fardeau qu'avec des machines. On ne sçauroit venir à bout de reformer le monde. Vous ne sçauriez reüssir en cette entreprise, il la faut laisser là.

SÇAVOIR, ou, C'EST À SÇAVOIR, se dit aussi adverbialement, & sur tout des choses qui sont distribuées par articles. Dans la despense d'un compte on dit, Il a été payé, sçavoir, tant à un tels par telle quittance. Son bien est en differente nature, sçavoir en argent, en rentes, en terres.

SÇAVOIR, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'un homme sçait le tran tran des affaires, qu'il en sçait le pair & la praise, pour dire, qu'il en connoist la conduite, qu'il en sçait le fonds ou le fin. On dit qu'il sçait le païs, qu'il sçait la carte, pour dire, qu'il sçait se conduire prudemment. On dit qu'il sçait plus que son pain manger, pour dire, qu'il a de l'experience du monde. On dit aussi, Qui ne sçait son mestier, l'apprenne, quand on voit un Artisan qui reüssit mal en quelque art, & qui s'y ruine. On dit qu'un homme sçait mieux qu'il ne dit, quand on veut l'accuser de parler contre sa conscience. On dit aussi, qu'il ne sçait rien de rien, quand il n'est pas adverti de ce qui se passe, de ce qui se fait contre luy. On dit aussi, Je ne sçay ce que c'est, pour faire une denegation. On ne sçait qui meurt, ni qui vit. On dit en termes de mépris, une je ne sçay qui, pour dire, une femme de mauvaise vie ; &, un je ne sçay quoy, des choses dont on ne peut pas trouver la vraye expression.