s. m. Fruit aromatique qui a une qualité chaude & seche, qui vient en grains, dont on se sert pour l'assaisonnement des viandes. Il croist en Java, Sumatra, & Malaca, & le long des costes de Malabar. Il y en a de masle qui a les feuilles plus grandes, & de femelle qui les a plus petites, qui sont pointuës, & representent un coeur. Elles ont une longue queuë, & sont vertes en dehors, & jaunastres en dedans. La plante est sarmenteuse, ployable, & pleine de noeuds, & il faut planter auprés des arbres ou des eschalas, pour luy servir de soustien. Les grains viennent en grappes. Chaque branche en produit ordinairement six, longues de trois doigts, & pareilles à celles des raisins. Ils n'ont presque point de queuë, & sont verds au commencement, & noircissent en meurissant, ou estant sechez au Soleil. On les cueille au mois de Novembre.

Le poivre blanc vient de la même plante, & se fait de poivre noir qu'on arrose, & qu'on humecte de l'eau de la mer, l'exposant aprés aux rayons du Soleil, & rejettant l'écorce, qui abandonne alors le grain, d'où vient qu'il se trouve blanc.

Le poivre long est une autre espece de poivre dont la figure approche du chaton de coudrier. Sa longueur approche de celle des dattes. Il est composé de plusieurs petits grains contigus fort bien arrangez, de la grosseur & de la couleur de la graine de jusquiame. Son goust est presque semblable à celuy du poivre noir, mais il est plus moderé dans sa siccité. Il y a aussi un poivre d'eau, & un poivre verd.

Il y a un poivre des Indes Occidentales, qu'au Perou on appelle huchu, & dans les Isles axi, dont les Indiens sont fort friands, parce qu'ils en mettent à toutes sortes de sauces, & même en mangent les racines cruës, dont l'usage est deffendu dans le jeusne. Ce poivre ordinaire est gros, longuet, & sans pointe. On le mange en verd ; & quand il a sa couleur parfaite, il est tantost rouge, tantost jaune, & tantost noir. Il y en a d'autre qui est fort menu, qui pend à une queuë, & qui a la forme d'une cerise. C'est le plus piquant de tous, le plus estimé, & le moins commun. Les Espagnols le preferent à celuy des Indes Orientales. Les reptiles les plus venimeux l'ont naturellement en horreur, tellement qu'on peut croire qu'il est contraire au venin.

Pline dit que de son temps le poivre s'achetoit au poids de l'or & de l'argent. St. Augustin donne le nom de poivre à toute sorte d'espicerie & d'aromates.