s. f. Portion d'un tout entant qu'il est divisé, ou divisible. La quantité est divisible en une infinité de parties, non pas égales, mais proportionnelles. Toute la varieté des corps ne depend que de la differente union ou arrengement ou assemblage des parties.

On le dit aussi des corps politiques. La plus grande partie du monde ou des gens est gastée de cette erreur. La meilleure & la plus saine partie de cette Assemblée étoit d'advis.

Les Medecins divisent en general les parties du corps humain en contenantes & en contenuës, en similaires & en dissimilaires ; & les similaires en spermatiques & sanguines, &c. Ils appellent aussi les parties nobles, ou essentielles, celles qui sont absolument necessaires à la vie, comme le coeur, le poulmon, le foye, le cerveau. Les parties naturelles sont celles que le vulgaire appelle honteuses, ou genitales, celles qui servent à la generation. Les plus beaux Livres des Medecins sont ceux qui traitent de l'usage des parties. On dit que la nature se descharge toûjours sur la partie la plus foible, sur la partie malade, sur la partie offensée.

En Geometrie & Astronomie on le dit des divisions, des lignes, ou des cercles. On divise le demi-diametre du cercle, qu'on appelle autrement le rayon, ou le sinus total, en cent mille parties ; la circonference d'un cercle en trois cens soixante parties ou degrés. C'est sur ces deux divisions qu'on fait toutes les supputations des mouvemens celestes. On divise aussi le ciel & le monde en quatre parties, en Orientale, & Occidentale, Septentrionale, & Meridionale ; l'année en quatre parties ou saisons. La Philosophie se divise en quatre parties, &c. St. Thomas a divisé sa Somme en plusieurs parties. Les nombres se divisent en parties aliquotes, & aliquantes. Voyez Aliquote.

En Chymie on dit qu'on resoud tous les corps dans leurs plus petites parties ; qu'on separe les parties homogenes d'avec les heterogenes ; les parties subtiles, volatiles, sulphurées, mercuriales, & aëriennes, d'avec les parties crasses, terrestres, visqueuses & grossieres.

En Musique on appelle parties, les accords que font diverses personnes qui chantent ensemble. Il y a quatre principales parties, le Dessus, la Basse, la Taille, & la Haute-contre. Le reste ne sont que des parties redoublées. On fait des concerts à dix, douze, ou quinze parties. Les orgues qui s'étendent jusqu'à huit octaves peuvent avoir jusqu'à vingt-cinq parties. Les uns ont du genie pour inventer les airs ou les chants, & les autres pour y mettre des parties. En ce sens on dit qu'un homme chante en partie, qu'il tient sa partie dans un concert, pour dire, qu'il chante sur des tons qui sont assignez à une telle partie.

On compare les quatre parties de la Musique aux quatre elements. La Basse represente la terre. La Taille represente l'eau, qui ne fait qu'un globe avec la terre, comme la Taille est presque la même chose que la Basse, puis que quand la Basse manque, la Taille en fait la fonction ; d'où vient qu'on la nomme Basse-taille. La Haute-contre est comparée à l'air, parce qu'elle s'insinuë aisément dans toutes les autres parties, & a même rapport au Dessus, que la Taille à la Basse. Enfin le Dessus est comparé au feu, dautant qu'il a les mouvemens plus vistes & plus legers que les autres.

PARTIE, se dit figurément en ce sens en parlant de tous les devoirs ou de toutes les autres choses que quelqu'un fait en particulier. Quand on appelle cet homme en consultation, en quelque deliberation importante, il tient bien sa partie. Il tient bien sa partie à la table, au jeu, dans les assemblées, &c.

En Morale on dit qu'il faut que la partie superieure commande à l'inferieure, pour dire, qu'il faut que l'entendement, la raison, ait l'avantage sur les appetits sensuels, sur les passions. Les Rois communiquent une partie de leur autorité à leurs Ministres, & à leurs Parlements.

PARTIE, en termes de Palais, se dit de tous les plaideurs. Les demandeurs & les deffendeurs, les appellans & les intimez, s'appellent parties principales ; & les parties intervenantes sont celles qui s'y joignent par quelque interest, ou qui y sont appellées en assistance de cause. Il a demandé à estre receu partie en ce procés, il y est partie interessée : il est depossedé, c'est la partie souffrante. On dit qu'un homme est Juge & partie, quand on l'intime en son propre & privé nom : & figurément, Prendre le Ciel à partie, Prendre un homme à partie, pour dire, Se prendre à luy-même, comme s'il étoit cause de quelque mal qui est arrivé. On appelle partie civile en matiere criminelle, la partie qui a été offensée, ou qui a lieu de se rendre partie, de se porter partie, pour en avoir la reparation, soit en honneur, soit en dommage ou interest. La partie publique, le Procureur General, ou ses Substituts, qui ont droit de faire punir les crimes, & qui concluent à peine afflictive. Une partie capable est celle qui de droit a l'âge competant, ou les qualitez pour agir. Il n'y a que le mari de partie capable pour accuser d'adultere. Un mineur, un furieux, un interdit, &c. ne sont pas parties capables pour contracter, pour agir. Les parties sont contraires en faits. Les requestes se répondent par une ordonnance de, Soit partie appellée, Soit communiquée à partie adverse. Les parties en viendront au premier jour. On dit des jugemens, qu'ils sont rendus parties ouïes, ou par deffaut ; ou d'accord de parties, par collusion de parties, celuy où on ne juge point des affaires du Roy, mais seulement des particuliers : & on appelle les Greffiers de ce conseil, Greffiers des parties.

PARTIE, signifie aussi, Client, à l'égard de son Advocat ou Procureur dont il a accoustumé de se servir, encore qu'il ne plaide pas effectivement. Cet Advocat contente bien ses parties. Ce Procureur a une bonne estude, il a de bonnes parties, il ronge ses parties jusqu'aux os.

PARTIE, en termes de Finance, signifie une somme d'argent. Ainsi on dit à la Chambre des Comptes, qu'on a rayé une partie, pour dire, un article de comptes ; qu'on a tenu une partie en souffrance, pour dire, qu'on donne un temps de six mois pour en rapporter la quittance. On appelle aussi les parties prenantes, celles qui ont receu les sommes, qui sont tenus de fournir les quittances. Le Banquier n'a pas voulu payer cette partie, sans avoir advis de son correspondant, parce qu'elle étoit trop forte. Il a amorti, il a racheté deux parties de rentes qui étoient à prendre sur luy. Les Marchands tiennent leurs livres à parties doubles, en debit, ou credit.

Le Tresorier des parties casuelles est celuy qui reçoit les deniers provenans des offices qui ont vaqué par mort, ou les droits qui se payent à chaque resignation qu'on taxe au quart, ou au huitiéme denier, ou le droit annuel, ou la Paulette, & les prests qu'on paye d'année en année pour les conserver. Il en rend ensuite un compte à la Chambre, qu'on appelle le compte des parties casuelles. On appelloit autrefois la premiere, la seconde partie de l'Espargne, celle qui étoit destinée pour le Roy, ou au payement des Officiers.

PARTIE, se dit aussi d'un memoire de plusieurs fournitures faites par des Marchands, ou Ouvriers. Il faut demander le payement des parties dans les six mois, ou dans l'année, suivant la nature des marchandises ; sinon il y a fin de non recevoir par la Coustume. Un arrest de parties vaut une promesse, & l'action en dure trente ans.

PARTIE, en termes de Joüeurs, est une convention faite entr'eux de certaines regles ou bornes, dans lesquelles celuy qui a plustost certains avantages, ou nombre de points ou de marques, doit tirer l'argent. Un tour de Triquetrac est composé des douze parties, chaque partie de douze points. La partie bredouille est la partie où on gagne douze points de suite, sans que l'autre en marque un seul. Les parties de Paulme sont de quatre, ou de six jeux. Au Piquet on fait la partie de cent, ou de cent cinquante. Le beau jeu est de joüer partie revanche, & le tout. On appelle partie liée, quand on est obligé d'en gagner deux de suite. On appelle une belle partie, celle qui est joüée par de bons joüeurs, & où on jouë de grosses sommes. On le dit aussi de celle où il arrive des coups extraordinaires & impreveus, qui font gagner celuy qui n'en avoit aucune esperance, comme il arrive souvent aux échecs.

PARTIE, se dit aussi de tous les autres divertissements où on engage certaines personnes, & à certains jours. On a fait le jour de St. Hubert une grande partie de chasse à la Cour. Ces Seigneurs ont fait une partie pour courir la bague. C'est un galant qui est de toutes les belles parties, qu'on met de toutes les parties de divertissement. Toutes les parties qu'on fait pour quand vous voudrez, ne s'executent jamais. Une partie de plaisir.

On appelle une partie quarrée, celle qui est faite entre deux hommes & deux femmes seulement pour quelque promenade, ou quelque repas. On le dit aussi des combats. Nos deux amis ont resolu de s'aller battre, il faut que nous soyons de la partie. Un Capitaine qui a resolu d'aller attaquer quelque poste, demande à ses amis, aux Volontaires, Qui veut estre de la partie ? Cet homme sçait bien faire sa partie, sçait bien prendre ses avantages.

PARTIE, se prend aussi en mauvaise part, d'un complot qu'on fait pour assassiner, pour perdre quelqu'un, pour le ruiner. Il a perdu son procés, c'est qu'il y avoit une partie faite entre plusieurs de ses Juges. On n'a pas pû prendre le principal assassin, mais on en a pris un qui étoit de la partie.

PARTIE, se dit figurément des talents naturels, ou acquis qui rendent une personne considerable. Ce garçon est bien fait, il a de l'esprit, il est honneste, il est sçavant, il a cent bonnes parties, cent bonnes qualitez.

PARTIE, signifie aussi, Meslange fait d'un peu d'une chose, & un peu d'une autre. Le bled metail se fait partie de froment, & partie de seigle. Il a fait cela partie d'amitié, & partie de force. Cette armée étoit partie de sujets naturels, & partie d'estrangers. Les curieux negocient leurs bijoux partie en argent, & partie en trocs.

En termes d'Astrologie Judiciaire la partie de fortune est l'horoscope lunaire, c'est à dire, le point d'où sort la Lune, en même temps que le Soleil est au point ascendant de l'Orient. On pretend que le Soleil à l'ascendant donne la vie, & la Lune dispose l'humide radical, & est une cause de la fortune. Les raisons fort subtiles en sont rapportées par Titus en sa Philosophie Celeste ; mais elles n'ont point de solidité. La partie de fortune est marquée dans les horoscopes par un cercle divisé par une croix.

En Grammaire on appelle parties d'Oraison, tous les mots qui entrent en la composition d'un discours. Les Grammairiens admettent huit parties d'Oraison, le Nom, le Verbe, le Pronom, &c.