s. f. Parole qu'on dit pour offenser quelqu'un, en luy reprochant quelque defaut, ou quelque vice vray ou faux. Il n'y a que les gens de basse condition qui se disent des injures, qui se chantent des injures. une harengere est un sac rempli d'injures. il est deffendu d'informer pour des injures verbales, si elles ne sont atroces, & dites à des gens de condition. on vient souvent des injures aux coups. Ce mot vient du Latin injuria. Quod fit citra jus, injuria est. on appelle injure, ce qui se fait sans raison, contre les biens ou contre l'honneur d'une personne.

INJURE, se dit aussi des affronts, des torts & dommages qu'on fait à une personne par voyes de fait. On fait injure à un Officier, quand on ne le fait par monter à la place vacante d'un superieur. les soufflets, les bastonades sont des injures qu'on ne peut reparer. on donne des dommages & interests à des filles violées, pour reparation de l'injure qui leur a esté faite. il est permis par le droit naturel, de repousser l'injure. un Chrestien doit souffrir, doit pardonner toutes sortes d'injures, & d'affronts. On dit civilement à un ami qui nous a presenté de l'argent pour quelque petit service qu'on luy a rendu, qu'il nous fait injure, qu'on tient cela à injure.

INJURE, se dit aussi du temps & de la fortune. L'homme a besoin d'habits, de logement, pour se garentir des injures du temps, du chaud, du froid, de la pluye. la plus-part des beaux ouvrages des bons Auteurs sont peris par l'injure du temps, par l'ignorance & la negligence des hommes durant plusieurs siecles. le bon azur souffre toutes les injures de l'air sans s'alterer. un vray Philosophe souffre constamment toutes les injures de la fortune.