subst. masc. Animal qui s'éleve en l'air, qui le traverse, qui s'y tient suspendu par le secours de ses plumes, & de ses ailes. Le phoenix, s'il y en a, passe pour le Roy des oiseaux. C'est une erreur de croire que les oiseaux de Paradis volent toûjours ; ils ont des pieds avec lesquels ils s'attachent aux branches pour dormir. Les Romains observoient avec soin le vol des oiseaux. A l'arrivée des Europeans dans les Isles de l'Amerique, tous les oiseaux, à ce qu'on dit, estoient privez, parce qu'on ne leur faisoit point la guerre. Ce mot vient d'avicellus ou aucellus. Dont les Italiens ont fait aussi augello. Menage & du Cange.

On appelle en termes de Fauconnerie, oiseaux de proye, les gros oiseaux qui vivent de grip, de rapt & de rapine, qu'on dresse & qu'on apprivoise. On appelle oiseaux niais, ceux qui sont pris au nid. Oiseau branchier, celuy qui n'a encore que la force de voler de branche en branche. Un oiseau sor, celuy qui n'a point encore mué. Il ne se dit que des oiseaux de passage, & non du niais & du branchier. Un oiseau hagard, celuy qui a esté à soy, qui est plus farouche. Un oiseau de bonne ou de mauvaise affaire, celuy qui est docile ou farouche. On appelle parement de l'oiseau, la maille qui luy couvre le devant du col ; manteau d'oiseau, le plumage des espaules, du dos & du dessus des ailes. Serres d'oiseau, ce sont leurs griffes. Mains d'oiseau, ce sont leur pieds. La couronne de l'oiseau, c'est le duvet qui couronne, qui joint le bec à la teste. On appelle train de l'oiseau, son derriere, ou son vol.

On appelle oiseau de poing, celuy qui estant reclamé, fond sur le poing sans entremise de leurre, comme l'autour & l'esprevier. Oiseau de leurre, celuy qui fond sur le leurre, quand on le luy jette, & de là sur le poing. On en compte dix ordinairement, fauçon, gerfaut, sacre, lanier, aigle, tagarot, esmerillon & hobereau, le faucon & le sacre bastards. Oiseau de montée, celuy qui s'éleve fort haut, comme le milan, le heron, &c. Il y a des oiseaux pour la haute & pour la basse volerie ; oiseau pillard, celuy qui pille & destrousse un autre ; oiseau chariard, qui desrobe sa perdrix ; oiseau bas & tenu par le bec, c'est à dire, en faim. L'Oiseau bastard est, par exemple un faucon né d'un tiercelet de faucon & du lanier ; ou un sacre né du sacret & du lanier.

On appelle oiseaux vilains, poltrons & tripiers, ceux qui ne suivent le gibier que pour la cuisine, qu'on ne peut affaiter ni dresser, comme les milans & les corbeaux, qui ne combattent que les poulets, lesquels n'ont ni vol ni deffense. Un oiseau despiteux, qui ne veut pas revenir quand il a perdu sa proye. Un oiseau attrempé, est celuy qui n'est ni gras, ni maigre. Un oiseau aspre à la proye, bien armé de bec & d'ongles. Un oiseau fort à delivre, qui n'a point de corsage qui est quasi sans chair, comme le heron. On appelle oiseau allongé, celuy dont les pennes sont bien entieres, qui ont toute la longueur qu'elles doivent avoir ; un oiseau trop en corps, celuy qui est trop gras.

On dit aussi un oiseau de bonne aire, un oiseau de grand travail & de bon guet, un oiseau de bonne compagnie, un oiseau pantois ou asthmé, un oiseau egalé, quinteux, escartable, rebuté, un oiseau d'eschappe, un oiseau bon chaperonier.

Il y a aussi des oiseaux de nuit, de mauvais augure, de voirie, des oiseaux de jour, oiseaux de parade, de babil, & cageolleurs ; oiseaux sauvages, passagers, de combat, de volerie, de marais, de marine, qui rasent les estangs, & sont bons poissonniers, &c.

Les oiseaux de leurre doivent avoir les mahutes hautes, les reins larges, bien croisez, bas assis, court jointez, les mains longues.

On dit aussi, Apoltronnir un oiseau, l'acharner, l'abecher, l'abattre, l'abaisser, l'entraver, l'essimer, & plusieurs autres phrases qui sont expliquées à leur ordre.

On appelle oiseaux de riviere, les canards, sarcelles & autres aquatiques qui aiment les eaux. Oiseaux de bois, les gelinottes, les faisans. Oiseaux passagers, les beccasses, les cailles, les guignards. Oiseaux domestiques, les poules, les canes, oyes.

On appelle oiseaux de voliere, ceux qu'on garde en cage pour leur chant, leur ramage, leur gazouillement, comme rossignols, serains, linottes, chardonnerets, &c.

Il y a des oiseaux qui ne sont bons qu'à mettre à l'engrais, comme les coqs qu'on chaponne, qui perdent leur chant. Il y a des oiseaux qui ne volent jamais, comme l'autruche & le casuel. Kirker dit qu'il y a un oiseau en la Chine qu'on appelle hoang cio-yu, qui change de nature deux fois l'an. Il est oiseau tout l'Esté, & il se transforme en poisson durant l'hiver. Ce nom veut dire poisson jaune.

On appelle, tirer à l'oiseau, quand on dispute le prix en s'exerçant à tirer de l'arc ou du fusil sur un oiseau de bois qu'on nomme le papegay.

Les oiseaux de leurre en termes de Blason tesmoignent la noblesse, parce qu'ils sont des marques d'hommage & de redevance : ce qui a fait que dans les sceaux anciens on a representé les Chevaliers avec une espée nuë à la main droite, & un oiseau de leurre à la gauche. Les Poëtes ont appellé l'aigle l'oiseau de Juppiter, le paon l'oyseau de Junon, le hibou l'oiseau de Pallas, le pigeon oiseau de Venus, & le peuple appelle maintenant un boeuf, un oiseau de St. Luc.

Oiseau de limosin est une espece de vaisseau qui sert à porter le mortier dans les ateliers. Il est composé de deux ais joints d'un costé en équerre, & arrondis par l'autre extrémité, qui se porte sur les espaules.

OISEAU, se dit proverbialement en ces phrases. Petit à petit l'oiseau fait son nid, en parlant des choses qui se font lentement & peu à peu. On dit que la belle plume fait le bel oiseau. On dit aussi, Ce n'est pas viande pour vos oiseaux, pour dire. Cela ne vous est pas destiné, c'est pour des gens d'une plus grande qualité. On dit qu'un homme a battu les buissons, & qu'un autre a pris les oiseaux, pour dire, qu'il a travaillé, & que les autres en ont profité. On dit qu'un homme est comme l'oiseau sur la branche, quand il n'a point de logement, d'employ, de fortune asseurée. On dit aussi, qu'un homme est battu de l'oiseau, quand il luy est arrivé plusieurs malheurs, plusieurs pertes qui luy ont abattu le courage. On dit aussi d'un prisonnier qu'on a manqué, ou qui a brisé les prisons, que l'oiseau s'en est envolé. On dit aussi, Voilà une grande cage pour un petit oiseau, quand un homme de peu de consideration est logé dans un logis magnifique. On dit qu'un oiseau en a dans l'aile, quand il a receu un coup qui l'empesche de voler. On le dit figurément des hommes, dont la santé ou la fortune sont ruinées. On dit aussi ironiquement, qu'un homme est un bel oiseau ; pour tesmoigner un grand mespris de sa personne.