v. act. Aller aprés, aller sur les pas, sur la route de quelqu'un. Les petits des animaux suivent naturellement leur mere, vont aprés elle. Les trouppes dans un defilé se suivent à la file. La Lune nouvelle suit le Soleil, le suit de prés, suit sa même route. St. Pierre suivoit de loin son Maistre le jour de sa passion. Ce mot vient de sequor.

SUIVRE, signifie aussi, Se laisser conduire par quelque chose. Les Mages suivirent l'estoile qui les menoit en Bethlehem. Il faut suivre ce chemin, cette haye, pour aller en un tel lieu. Les galeres suivent la coste, ne s'éloignent gueres du rivage.

SUIVRE, signifie aussi, Espier, prendre garde où une chose va. On a mis un mouchard aprés luy, qui le suit en queuë. Les chiens, les Chasseurs suivent la piste du liévre, du gibier. Un Prevost suit son gibier par tout. Il a suivi ses meubles qui luy avoient esté enlevez, & il les a fait saisir.

SUIVRE, signifie encore, Accompagner quelqu'un, soit par honneur, soit pour sa seureté, soit par amitié, soit par dependance. Quand un Ambassadeur marche, tout son train le suit. Cet homme craint d'estre arresté, il ne sort point qu'il ne soit bien suivi, bien accompagné. C'est un fidele amy qui l'a suivi dans tous ses voyages, dans son exil. Un General qui va à quelque expedition dit à ses soldats, Qui m'aime me suive. C'est un volontaire qui a suivi le Roy à l'armée. Il a pris un laquais qui ne sert qu'à le suivre.

SUIVRE, se dit aussi des choses qui se succedent, qui vont par rang les unes aprés les autres, par un ordre naturel, ou de consequence, ou de ceremonie. La nuit suit le jour. Le beau temps suit la pluye. L'automne suit l'esté. Le Lundy suit le Dimanche. Le chastiment suit le crime. La desolation du pays suit la guerre, est un de ses effets. Il faut voir le Chapitre, l'Article qui suit. Ce Prince a toûjours sa qualité, mais il n'a pas tout ce qui suit, le bien, l'equippage. Dans cette ceremonie le Parlement marchoit en teste, & puis la ville suivoit.

SUIVRE, se dit aussi des professions qu'on embrasse. On dit qu'un Gentilhomme suit les armes ; qu'un Advocat suit le Barreau. Un Courtisan suit la Cour. Un homme d'affaire suit les Finances.

SUIVRE, signifie encore, Examiner une chose par ordre. Le Rapporteur a bien discuté cette affaire, il l'a bien suivie, il l'a rapportée suivant ses dattes. Il faut suivre ce raisonnement, en tirer des consequences immediates. Ce discours est bien suivi, il y a de la liaison entre ses parties. Il a bien suivi le sens de cet Orateur, il l'a escouté attentivement, il n'en a pas perdu une parole.

Au jeu on dit que la main suit, lors qu'on bat les cartes chacun à son tour, & qu'il ne faut pas voir à qui fera à la fin de chaque partie.

SUIVRE, se dit figurément en choses morales. Il suit le bon chemin ; il suit la vertu ; il suit l'exemple de ses ayeuls, il suit leurs pas, il suit leurs traces. Il faut suivre la Loy de Dieu & celle de son pays. Ce Predicateur s'est mis en estime, il se fait suivre. Ce Peintre, ce Traducteur a bien suivi, a bien imité son modele, son original.

On dit aussi en matiere de Litterature, qu'un homme suit la saine doctrine, qu'il suit le bon parti, qu'il suit un tel Auteur ; qu'il suit son caprice, sa pente, son genie, son inclination, qu'il suit la nature, pour dire, qu'il ne se contraint point ; qu'il suit sa pointe, qu'il continuë ce qu'il a entrepris. Dans un syllogisme en forme, la consequence suit necessairement des deux premisses. Lors qu'on pose une absurdité, il en suit, il en naist mille autres.

On dit proverbialement, qu'une fille suit la mere, qu'elle a les mêmes moeurs, les mêmes inclinations. On dit aussi, Voilà un discours qui se suit comme crottes de chevres, pour dire, qu'il est mal suivi, qu'il n'a point de liaison.