adj. m. & f. & subst. masc. Corps continu étendu en trois dimensions, longueur, largeur, & profondeur. La doctrine des solides est contenuë dans les six derniers livres d'Euclide fort bien commentés par Clavius, & par Candale. Les corps solides se divisent en spheriques, ellyptiques, prismatiques, coniques, cylindriques, & autres de figures irregulieres. Un angle solide est celuy qui se fait de plusieurs angles plans diversement inclinez sur un même point. Le peuple les appelle carnes. Ce mot en tous ces sens vient de solidus.

Un nombre solide, est celuy qui se fait par la multiplication de trois nombres l'un par l'autre, comme 2. 3. 4. Deux fois 3. sont 6. 4. fois 6. sont 24. c'est un nombre solide, ou cube. Voyez Euclide au Livre VII. de ses Elements.

SOLIDE, se dit aussi de ce qui est dur & massif. Les bastiments des Anciens étoient fort solides ; leurs murs étoient fort solides & massifs ; ils bastissoient sur le solide, sur un fonds ferme & solide. Cette vaisselle d'argent est bien solide, est bien espaisse, ne se bossuera pas. Une statuë est solide, quand elle n'est pas creuse. Les orillons qu'on faisoit autrefois aux bastions étoient tous solides, tout remplis de pierre, il n'y avoit point de vuide. Les os sont les parties solides des animaux. Les Anciens ont cru que les cieux étoient solides, & ils les ont supposez tels dans l'hypothese de Ptolomée. Maintenant on a descouvert qu'ils étoient liquides, comme on suppose dans celles de Copernic & de Thycobrahé.

SOLIDE, se dit aussi par opposition à liquide, des choses dont les parties sont liées ensemble. L'arene n'est pas un fondement assez solide pour y faire la moindre construction. Il faut ficher des pilotis, quand le terrain n'est pas solide. Les malades n'osent prendre des aliments solides, ils ne vivent que de bouillons. Il faut laisser secher ce mortier, jusqu'à ce qu'il soit de consistence solide.

SOLIDE, se dit figurément en choses spirituelles & morales. On dit qu'un esprit, un jugement est solide, quand il est bon & ferme, quand il raisonne juste. On appelle des promesses, des paroles solides, celles qui sont seures, qui auront leur effet : & en ce sens on dit qu'un homme est solide, quand il ne dit rien en l'air, quand il execute ce qu'il entreprend. On dit aussi un bien solide, qui est fort assûré. Les fortunes de ce monde n'ont rien de solide, ne donnent jamais de solide establissement, de certain, de permanent. Il faut aller au solide, rechercher l'eternité, c'est le seul bien qui soit solide. On dit aussi, qu'un homme a une doctrine solide, pour dire, qu'elle est profonde, & non pas simplement superficielle : qu'une science est solide, quand elle est fondée sur des principes fermes & demonstratifs, comme la Geometrie, par opposition aux sciences vaines, comme la Chiromance, la Judiciaire. On dit qu'un homme a une pieté, une devotion solide, sans bigotterie, sans affectation. La solide amitié est celle qui est fondée sur une solide vertu.

On dit aussi dans les affaires, Il faut voir du solide, pour dire, de l'argent comptant, de bonnes seuretez & cautions.