subst. masc. Traitté, convention, par le moyen duquel on achete ou on troque quelque chose, ou on fait quelque action de commerce. Il a fait marché de cette terre à cent mille escus. Le marché n'en est pas encore redigé par escrit, Il ne reviendra pas contre un marché conclu. Il a mis cette condition dans son marché. Je luy feray bien tenir son marché. Personne n'est venu sur mon marché, n'a couru sur mon marché, n'a encheri sur moy. Je croy avoir fait un bon marché. Faire un faux marché, c'est, Estre trompé en quelque achat. Borel derive ce mot de l'Hebreu mercer, qui signifie vente.

MARCHÉ, se dit aussi du prix de la chose venduë. Il a eu grand marché de cette Terre ; C'est un marché donné. Les vivres sont à bon marché. Dans les Provinces on vit à grand marché. C'est un prix fait, un marché fait. Ils sont allez boire le vin du marché.

MARCHÉ, se dit figurément en ce sens de ce qui ne couste guere à obtenir. Ce General a eu bon marché des ennemis, ils se sont mal deffendus. Il feroit bon marché de sa peau, de sa vie, pour dire, qu'il ne se souscie plus de vivre. On a bon marché de la peine des pauvres gens.

MARCHÉ, signifie aussi, la halle, le lieu où on estale, où on vend des marchandises. Le marché au bled, le marché aux poirées, le marché aux chevaux, le marché neuf, le marché pale, sont des marchez de Paris. Dans la basse Latinité on l'a appellé marchetum, mercatum, mercatus & mercada. Cujas remarque que le marché est different de la foire, en ce que le marché est pour une ville, ou un lieu particulier ; & la foire regarde toute une Province.

MARCHÉ, se dit aussi du temps où l'on fait la vente. Il y a dans les villes deux jours de marché. On ne doit faire les ventes à l'encan qu'aux jours & heures du marché. L'heure du marché se passe.

MARCHÉ, se dit aussi de la vente & du debit qui s'y fait à beaucoup, ou à peu d'avantage. Il faut voir le cours du marché. Le marché n'a rien valu aujourdhuy. On doit enregistrer au Greffe le prix courant du marché, des grains à chaque jour de marché.

MARCHÉ, se dit proverbialement en ces phrases. On appelle un larron de marché, un marché donné, ce qu'on a eu à fort vil prix. Un marché d'enfant, un marché qui n'a point eu d'effet, dont on s'est dedit. On dit aussi, qu'un homme n'amende pas son marché, quand il surseoit seulement la condemnation par un appel, ou autre delay. On dit aussi en menaçant quelqu'un, qu'il le payera plus cher qu'au marché. On dit aussi, Mettre le marché à la main de quelqu'un, pour dire, le prendre au mot, luy donner le choix de conclurre, ou de rompre le marché. On dit aussi, qu'un homme a bientost fait son marché, pour dire, qu'il a bientost pris sa resolution. On dit encore, Il n'y a au marché que ce qu'on y met, quand on se plaint que la clause de quelque contract est onereuse. On dit aussi, qu'on n'a jamais bon marché de mauvaise marchandise, pour dire, qu'il y a des gens qui se ruinent en bons marchez, sans espoir de profiter d'une chose qu'on leur laisse à bon marché.