MARAIS, ou Marests. subst. masc. Terres basses & humides, couvertes d'eaux croupissantes qui n'ont point de pente pour s'escouler. Les villes les plus fortes sont celles qui sont situées au milieu d'un marais, où on n'arrive que par des chaussées, à cause de la difficulté qu'il y a de faire des approches. Le marais Meotide est une Province qui est à l'embouchure du Tanais. Ce mot vient de marast Allemand, qui signifie lieu bourbeux ; ou de maresc, qui vient de mariscetum, a mariscis, c'est-à-dire, des joncs, ce qui monstre qu'il faudroit escrire maresc, d'où on a fait marescageux. Menage. Saumaise derive ce mot de mare, qu'on a dit pour un amas d'eau. On a dit dans la basse Latinité, maresium, marescagium & marescheius.

MARAIS DESSECHEZ, sont des terres autrefois couvertes d'eaux, lesquelles on a fait escouler en leur donnant de la pente & des descharges par plusieurs fossez & saignées.

MARAIS SALANS, sont des lieux preparez pour faire le sel. On les laisse couvrir de l'eau de la mer qu'on y fait entrer par des rigoles, la grande chaleur du Soleil fait évaporer l'eau, & sa partie la plus crasse demeure sur la terre, qui est le sel marin.

MARAIS, est aussi une terre basse & humide, qu'on cultive soigneusement pour y faire venir des herbes & des legumes. Paris est environné de ces sortes de marais. Le quartier qu'on appelle le Marais du Temple a esté basty sur un pareil terrain qu'on a eslevé depuis.

On dit proverbialement, qu'un homme s'est sauvé par les marais, pour dire, par des lieux difficiles, & qu'on ne gardoit point à cause du danger qu'il y avoit d'y enfonser. On appelle Demoiselles du Marais, des Courtisannes, à cause qu'il y en a toûjours plusieurs logées en ce quartier-là.