s. m. Qualité ou vertu salutaire qui est enfermée en quelque corps, qui en destruit une contraire & nuisible. Les vrais remedes se font par des qualitez contraires. Le remede à un incendie, c'est d'y jetter beaucoup d'eau. Le remede aux inondations, c'est de preparer de fortes digues. Le remede contre le froid, c'est de se bien vestir.

REMEDE, se dit particulierement des medicamens, de ce qui est appliqué ou preparé par l'art du Medecin pour guerir une maladie, une douleur. Les emplastres, ciroesnes, cataplasmes, sont des remedes topiques qu'on applique sur la partie affligée. Le mercure, le quinquinna, sont des remedes specifiques pour certaines maladies. Les saignées, les potions sont des remedes dont usent les methodiques. Les eaux minerales, le lait, sont les derniers remedes des Medecins. L'emetique & les remedes chymiques sont violents & dangereux. On appelle le grand remede, la salivation ; & alors on dit qu'un homme se met dans les remedes, quand il est resolu d'en user. On appelle un petit remede, un lavement qu'on prend souvent par delicatesse, & pour se rafraischir le teint. Il y a trois remedes generaux, la diette, la Chirurgie & la Pharmacie.

REMEDE, se dit aussi de ce qui sert à se garentir de toutes les choses fascheuses & incommodes. Quand un fils est libertin, il y a un bon remede, c'est de l'enfermer à St. Lazare. Quand un tonneau s'enfuit, le Tonnelier y apporte du remede.

REMEDE, se dit figurément en choses spirituelles & morales. Quand on voit une émotion populaire, il y faut apporter un prompt remede. On ne peut pas apporter du remede à tous les desordres, à tous les inconveniens. Le mal est fait, il n'y a point de remede, c'est un accident sans remede. On dit aussi, que la Philosophie est un bon remede contre tous les accidens de la vie ; que la mort est un remede à tous nos maux. La confession est un remede salutaire pour la guerison de nos ames.

Au Palais on appelle remedes de droit, l'appel, l'opposition, la requeste civile, qui servent à reparer les torts & griefs que les parties peuvent avoir soufferts par de precedens jugements.

REMEDE, en termes de Monnoyeurs, est une indulgence qu'on a accordée aux fabricateurs des monnoyes pour faire recevoir leurs especes où il y a quelque escharseté, quand il s'en manque fort peu qu'elles ne soient du poids ou du titre qu'elles doivent être par l'Ordonnance, parce que difficilement l'adresse humaine peut-elle atteindre toûjours à cette derniere precision. L'eseu d'or est de 23. carats & 1/4. & il a un huitiéme de carat de remede ; ce qui est le remede de loy. On donne sur l'argent deux grains de remede de poids, & quelquefois huit grains. On n'usoit point de ce terme quand on travailloit sur le fin. Neantmoins cet usage avoit lieu dés l'an 1253. comme prouve Mr. Poulain. Les Ouvriers en ont usé avant qu'on leur en accordast la permission, mais on dissimuloit la faute, sur l'incertitude des essais, qui ne se faisoient alors qu'à la touche. Il leur a été accordé depuis par les Ordonnances : mais ce qui n'étoit d'abord qu'une indulgence du Prince & une espece de pardon, a été usurpé comme un droit par les Maistres des Monnoyes, comme remarque Me. Charles Du Moulin. Il y a des remedes de loy qui regardent le titre, ou la bonté de la monnoye ; & d'autres remedes de poids, qui regardent sa pesanteur ou legereté : & on appelle escharseté dans les remedes, quand la piece est defectueuse en titre ou en poids, quand il n'excede pas les remedes permis par le Prince ; & escharseté hors des remedes, quand on a excedé cette permission, ce qui merite punition pecuniaire ou corporelle. Le remede de poids pour l'or est toûjours de deux felins pour marc, que l'on compte pour 14 2/5. grains : & pour l'argent, 43. grains pour marc, qui est la valeur d'une piece de cinq sous.

On dit proverbialement, qu'on trouve remede à tout, fors qu'à la mort. On appelle aussi une femme laide ou vieille, un remede d'amour.