v. act. & n. Promettre solemnellement. L'escriture applique ce terme à Dieu même. Dieu a Juré, & ne s'en repentira point, Pseaume 109. Il a Juré à Abraham nostre pere, qu'il se donneroit à nous, Cantique de Zacharie. Les payens ont fait aussi Jurer leurs faux Jupiter par le Stix. Ce mot vient du Latin jurare, qui, selon quelques-uns, est dit comme Jouemorare, testare, prendre Jupiter à tesmoin. C'est le sentiment de Berman. D'autres disent que jurare est in jure aliquid asserere : ce qui ne se fait gueres sans en venir au jurement.

JURER, se dit plus particulierement à l'égard des hommes qui prennent Dieu à tesmoin de la verité de ce qu'ils disent, ou de la promesse qu'ils font d'accomplir quelque chose. Il a juré son grand Dieu, qu'il avoit veu un tel prodige. Il viendra à bout de cette affaire, il en a Juré. Dieu en vain ne Jureras, est un des commandements de Dieu.

JURER, se dit aussi en parlant des attestations & des promesses qui se font licitement & solemnellement à l'Eglise & en Justice pour les rendre plus croyables & plus fermes. On juroit autrefois dans les Eglises sur la Croix, sur l'Autel, sur les Evangiles & les Canons & sur les saintes Reliques. Les Rois ont Juré la paix sur les Evangiles. Ils Jurent dans leur Sacre de conserver la Religion & l'Estat. on fait Jurer aux Magistrats & aux Officiers l'observation des Ordonnances ; aux peuples, aux soldats fidelité & obeïssance. On fait Jurer aux gens qui se marient une fidelité reciproque. Il faut qu'on Jure & affirme les comptes qu'on presente en Justice, la verité de la dette pour laquelle on est Colloqué. la formule de Jurer devant le Juge est de lever la main, & de promettre à Dieu & sur sa part de Paradis de dire verité. Un Procureur Jure, sur la foy d'autruy, en l'ame du constituant qui luy a donné procuration. celuy qui Jure à faux, qui fait un faux serment, est infame. Autrefois on se purgeoit de crime en jurant ; & celuy qui en estoit accusé s'estant purgé par serment, en estoit quitte ayant vingt Chevaliers gens de creance, qui juroient pour luy qu'il avoit fait un bon serment & dit verité, lesquels on appelloit compurgateurs.

JURER, se dit aussi de plusieurs attestations particulieres. J'en Jure sur mon honneur, foy de Chrestien, foy de Gentilhomme. les Marchands Jurent souvent à faux pour mieux vendre leurs marchandises. JESUS-CHRIST a dit, qu'il ne falloit point Jurer par le Ciel, parce que c'étoit le thrône de Dieu ; ni par la terre, parce que c'est l'escabeau de ses pieds ; ni par sa teste, parce qu'on n'en peut changer un cheveu : mais seulement dire ouy ou non, St. Matth. Ch. 5.

JURER, se dit aussi des blasphemes & des execrations qui se proferent contre Dieu & les choses saintes par emportement, colere, rage, & quelquefois, par mauvaise habitude. Les joüeurs qui perdent, les fanfarons qui menacent, sont sujets à Jurer. Il Jure comme un Chartier embourbé, comme un Marinier engravé.

JURER, signifie aussi, Faire une forte resolution ou promesse de faire quelque chose. Il ne faut point Jurer sur les paroles de son Maistre, deffendre ses opinions avec trop d'opiniastreté. Ces deux personnes ont Juré amitié ensemble, sont fort attachées l'une à l'autre. Il a Juré la perte de son ennemy, de son rival. Il a Juré sa mort.

On dit figurément, que deux couleurs jurent, lors qu'elles ne sont pas bien assorties, qu'elles passent d'une extremité à l'autre, comme le verd & le bleu, à cause d'une meschante allusion à vertubleu.

JURER, se dit proverbialement en ces phrases. S'il ne tient qu'à Jurer, la vache est à nous, quand on s'est rapporté au serment d'un meschant homme. On dit aussi à celuy qui affirme une chose connuë. On vous croit sans Jurer. On dit qu'il ne faut de rien Jurer, pour dire, qu'on peut faire des choses bien contraires aux resolutions presentes. On dit aussi parmy le peuple, Ave Maria, ce n'est pas Jurer.