s. f. Emotion de l'ame qui cause une dilatation du coeur & un plaisir sensible à la veuë ou à la possession de quelque bien qu'elle ressent. La douleur succede toûjours à la joye, dit le Sage. le visage est le tesmoin de la joye ; elle est peinte sur le visage. les larmes de joye viennent d'un excés de tendresse. on pasme de joye, ainsi que de tristesse. Ce mot vient du Latin jocus ; ou de joa, qui en langage Celtique ou Bas-Breton signifie joye, où on dit aussi joaus, pour dire joyeux. Menage le fait venir du Latin gaudia.

La joye publique se tesmoigne par des cris, des festins, des descharges de canon, des feux de joye, & d'artifice ; & generalement par tous les signes de joye qui sont éclatants.

On dit qu'une personne est bien en joye. qu'elle a le coeur en joye, qu'elle est à la joye de son coeur, quand il luy arrive quelque nouvelle, quelque fortune qui la ravit de joye, qui la fait tressaillir de joye, qui la comble de joye. On appelle maligne joye, une joye secrette qu'on a du mal qui arrive à autruy, & qu'on n'ose tesmoigner au dehors ; & fausse joye ou courte joye, quand on se resjouït d'une nouvelle qui peu aprés se trouve fausse. On appelle rabat-joye, un homme rebarbatif, ou quelques accidents fascheux qui viennent troubler la joye de ceux qui sont en humeur de se resjouïr. Mont-joye, voyez à son ordre.

On dit proverbialement de celuy qui n'est pas d'un divertissement dont il entend le bruit, qu'il entend les joyes de Paradis, mais qu'il n'y peut pas entrer. On appelle aussi les quinze joyes de mariage, le denombrement des incommodités du mariage dont on a fait un volume exprés. Les paysans se saluent par ce compliment, Honneur & joye. On appelle aussi filles de joye, des Courtisanes publiques. On dit pourtant que des femmes aiment la joye, quand elles recherchent les honnestes divertissements.