s. f. Creature ou ouvrage fait de main d'homme, qu'on adore comme une Divinité, à qui on rend des honneurs divins, à qui on brusle de l'encens, on fait des sacrifices, on érige des autels & des temples. Tous les Payens ont adoré des idoles. le Colosse de Rhodes estoit une idole du Soleil ; le Palladium une idole de Minerve. Les Juifs mêmes avoient de la peine d'estre destournez du culte des idoles. les martyrs ont renversé les idoles, ont refusé l'encens aux idoles. Ce mot vient du Grec eidolon, image, d'eidos, figura, species, representation, figure.

IDOLE, est aussi l'objet d'une passion vehemente & extraordinaire.

Tel fait son Dieu, fait son idole,

D'une Amarillis qu'il cageolle.

IDOLE, se dit figurément d'une personne qui n'a point d'esprit, qui n'a point de paroles, d'action, deboute hors, qui paroist insensible comme une statuë, ainsi que marque cette Epigramme.

Voyez ce portrait, qu'il est bien,

Il n'y manque que la parole.

Dites donc qu'il n'y manque rien,

Car c'est le portrait d'une idole.

IDOLE, se dit poëtiquement d'une vaine image, comme celles qui paroissent en songe. Orphée croyoit ramener Euridice, & il ne trouva qu'une vaine idole. Cerisi a dit dans sa Metamorphose :

Et que le sens charmé d'une trompeuse idole,

Doute si l'oiseau nage, ou si le poisson vole.