s. f. Animal domestique qu'on nourrit en trouppeaux. C'est la femelle du bouc. On se sert du poil de chevre à faire des chapeaux & des camelots ; de leur lait à faire des fromages ; & même quelques pauvres gens mangent leurs chairs. En Latin capra, d'où ce mot vient, & que Varron soûtient avoir été dit comme carpa, de carpere, brouter.

Il y a aussi des chevres sauvages, qui sont les chamois, dont les peaux sont fort estimées.

CHEVRE, est aussi une machine dont se servent les Architectes & les Charpentiers pour élever des pierres & des poutres. Elle porte de plus gros fardeaux que la gruë, parce qu'elle n'a pas le bec si long. La figure de sa base est triangulaire, & est appuyée par deux bras & un rancher qui en soustiennent le poinçon. Sa force consiste en un tour qui se meut avec des leviers passez à travers. Il y a aussi des pinces de fer qu'on appelle pieds de chevre. Columella l'appelle capreolus.

CHEVRE, se dit proverbialement en ces phrases. Prendre la chevre, c'est, Se fascher, se mettre en colere legerement : c'est la même chose que Se cabrer, qui vient aussi du mot de chevre. On dit, On ne peut pas sauver la chevre & les choux, pour dire, mettre une affaire à l'abri de toutes sortes d'inconvenients. On dit aussi des choses qui n'ont aucune liaison ensemble, Cela s'entretient comme crottes de chevre. On dit aussi, que là où la chevre est attachée, il faut qu'elle broute, pour dire, qu'il faut s'accommoder aux choses avec lesquelles on a de l'engagement. On appelle barbe de chevre, un homme qui n'a de la barbe que sous le menton & par bouquets. On dit aussi, qu'un homme aimeroit une chevre coiffée, lors qu'il n'est pas degousté en amour, que toutes les femmes luy sont bonnes.