HOSTE, HOSTESSE. s. m. & f. Terme relatif & reciproque, qui se dit tant de ceux qui logent, que de ceux qui sont logez. Celuy qui prend un logis à loüage dit qu'il a un bon hoste, en parlant du proprietaire ; & reciproquement le proprietaire dit qu'il est bien satisfait de ses hostes, en parlant de ses locataires ou sublocataires. Ce mot vient du Latin hospes, qui est dit, selon quelques-uns, comme hostium petens. Ostium s'escrivoit autrefois avec l'aspirée. Il faut donc sçavoir que la coûtume des Anciens estoit, que quand quelque estranger demandoit à loger, le maistre du logis & l'estranger mettoient chacun de leur costé un pied sur le seuil de la porte, & là ils juroient de ne se porter aucun prejudice l'un à l'autre. C'estoit cette ceremonie qui donnoit tant d'horreur pour ceux qui violoient le droit d'hospitalité : car ils estoient regardez comme parjures.

HOSTE, se dit aussi de ceux qui sont logez en même maison, encore qu'ils ne tiennent rien l'un de l'autre. Cette maison est grande, il y a plusieurs hostes. il est venu une jolie hostesse dans nostre logis, une femme qui y est logée depuis peu.

HOSTE, en termes de Fiefs, se dit des sujets d'un Seigneur feodal, censuel ou rentier, des manans ou habitans dans sa Justice, que les Coustumes appellent ses hostes & justiciables.

HOSTE, se dit aussi des maistres des logis où on tient auberge, hostelerie, cabaret, où on est receu pour son argent à loger, ou même à boire & à manger, tant à la ville qu'à la campagne. Les hostes sont commodes pour les voyageurs & passagers, & pour ceux qui ne tiennent point de mesnage. Ainsi on dit, l'hoste de la Croix de fer, de la Croix blanche, du Lion d'or. mon hoste de Lion. mon hoste de Marseille. ce logis est fort achalandé, il y a toûjours quantité d'hostes, des hostes de qualité, en parlant de ceux qui y viennent loger.

En ce sens on dit, Vivre à table d'hoste, lors qu'il y a un prix fixé pour chaque repas, & qu'on n'est pas obligé de compter par pieces. On dit aussi, Compter sans son hoste, lors qu'on fait son compte tout seul à sa fantaisie, en l'absence de la personne qui a interest de le contredire : ce qui a donné lieu au proverbe, Qui compte sans son hoste, compte deux fois. Cette phrase se dit par extension, de toutes les affaires qu'on entreprend, sans prevoir les obstacles qui s'y formeront par des parties interessées qui la traverseront.

HOSTE, se dit aussi des personnes honnestes ou charitables qui reçoivent chez eux gratuitement ou leurs amis, ou les pauvres, soit qu'ils passent, soit qu'ils fassent quelque peu de sejour. Les Juifs avoient grand soin de bien recevoir leurs hostes, ils leur lavoient les pieds. dans les Maisons Religieuses bien reglées il y a la chambre des hostes.

HOSTE, se dit aussi de celuy qui reçoit une compagnie chez luy, dont chacun apporte son plat, tandis qu'il ne fait que mettre la nappe. C'est en ce sens qu'on dit, qu'il n'y a personne plus foulée que l'hoste, à cause du debris & de la menuë despence qui se fait en telles occasions.

HOSTE, se dit aussi des paysans ou bourgeois qui sont contraints de loger les soldats ou les Officiers de la suitte de la Cour dans les passages ou sejour qu'ils font dans la campagne, ou dans les villes. Les soldats sont de mauvais hostes, ils tyrannisent fort leurs hostes. On dit en ce sens d'un homme doux, simple & paisible, que c'est un bon Prince qui ne foule gueres ses hostes.

HOSTE, se dit figurément en choses morales. Les hommes ne sont qu'hostes sur la terre, pour dire, passagers, qui doivent faire leur demeure au Ciel. Serisi a dit dans sa Metamorphose en parlant de Phyllis,

En qui les cieux versant tous leurs tresors,

Firent une belle ame hostesse d'un beau corps.