s. m. Animal amphibie, qui vit tantost sur terre, & tantost dans l'eau, & qui ne s'apprivoise jamais. Les Anciens, comme Solin, Pline, Andromachus, Aelian, Apulée, Ciceron, &c. ont crû qu'il se chastroit luy-même, quand il étoit poursuivi des Chasseurs ; sur quoy les Poëtes ont triomphé, quoy que Dioscoride eust fait voir que c'étoit une erreur, parce qu'il luy est impossible, non plus qu'au verrat, de pouvoir toucher à ses genitoires. Il a dans les aînes deux petites bourses qui enferment une liqueur precieuse, qu'on appelle le castoreum, qui ne sort point de ses testicules, parce qu'on en trouve aux femelles, aussi-bien qu'aux masles. Il se faut garder de rompre la pellicule qui enferme cette liqueur, parce qu'il faut qu'elle se seche dedans pour estre bonne. Chaque vessie est semblable à un oeuf de poule, & par fois plus grosse, & elle a son issuë au dehors auprés du penil. Cet animal ressemble à la loutre, mais il est plus gros. Sa teste va en arrondissant, & son muffle est applati & camus, garni de poil. Il a la langue de pourceau, des jouës de lievre, & des yeux de rat. Son foye est gros & noirastre, & divisé en cinq lobes. Son fiel est petit aussi-bien que sa ratte. Sa vessie est semblable à celle de pourceau. Ses rognons sont gros.

Il a été dissequé un castor à l'Academie des Sciences, qui étoit long de trois pieds & demi depuis le museau jusqu'à l'extremité de sa queuë. Sa plus grande largeur étoit de 12. pouces, & il pesoit plus de trente livres. Sa couleur étoit brune & fort luisante tirant sur le minime. Son plus long poil étoit d'un pouce & demy, délié comme des cheveux, & le plus court d'un pouce, doux comme le duvet le plus fin. Ses oreilles étoient rondes & fort courtes, sans poil par dedans, & veluës par dehors. Il avoit quatre dents incisives, comme les escureuils, les rats & autres animaux qui aiment à ronger. La longueur de celles d'enbas étoit de plus d'un pouce, & celles d'enhaut qui se glissent au devant des autres ne leur étoient pas directement opposées, mais étoient disposées à agir à la maniere des ciseaux en passant l'une contre l'autre, étant fort trenchantes par le bout, & taillées en biseau. Leur couleur étoit blanche par dedans, & d'un rouge clair par dehors, tirant sur un jaune de saffran bastard. Il avoit seize dents molaires, huit de chaque costé. Les doits de derriere étoient joints par une membrane, comme ceux d'une oye. Ceux de devant étoient sans membrane, semblables à ceux des rats de montagne ; & ils s'en servent comme d'une main, de même que les escureuils. Ses ongles étoient taillés de biais, & creux par dedans, comme des plumes à écrire. La queuë de cet animal tient plus de la nature du poisson, que de celle des animaux terrestres, aussi-bien que ses pieds qui en ont le goust. Elle étoit couverte d'escailles de l'épaisseur d'un parchemin, longues d'une ligne & demie, & d'une figure hexagone irreguliere, qui formoient un épiderme ou pellicule qui les joignoit ensemble. Elle avoit onze pouces de long, & étoit de figure ovale, large en sa racine de quatre pouces, & de cinq au milieu. Cet animal s'en sert avec ses pieds de derriere à nager. Elle luy sert aussi de battoir, pour battre le mortier dont il a besoin quand il se bastit une maison, qui a quelquefois deux ou trois estages. Ses testicules n'étoient pas attachez à l'espine du dos, comme disent Matthiole, Amatus Lusitanus, & Rondelet, mais ils étoient cachez aux parties laterales de l'os pubis à l'endroit des aînes, & ne paroissoient point au dehors, non plus que la verge ; & on ne peut les retrancher sans le faire mourir. Il avoit quatre grandes poches situées au bas de l'os pubis. Les deux premieres plus élevées que les deux autres, avoient la figure d'une poire ou d'un V fort ouvert, & se communiquoient ensemble. Elles avoient une tunique interieure charnuë d'une couleur cendrée, rayée de plusieurs lignes blanches, qui avoient plusieurs replis semblables à ceux de la caillette d'un mouton, & de l'étenduë de deux pouces. On y trouva les restes d'une matiere grisastre, qui avoit une odeur foetide & fort attachée : & c'est là le castoreum dont on parle tant.

On l'appelle en Latin fiber, en Grec kastor. On l'appelle aussi en François biévre. Il s'en trouve plus grande abondance en Canada qu'en aucun autre lieu du monde. Matthiole dit pourtant qu'il y en a beaucoup en Allemagne, Austriche & Hongrie. Quelques-uns tirent ce mot du Grec gastir, ventre, parce que cet animal est fort ventru. D'autres aiment mieux le faire venir de castrare, à cause qu'il se coupe ses genitoires quand il est poursuivi, suivant l'erreur commune.

CASTOR, signifie aussi, un chapeau fait entierement de poil d'un castor. Demi-castor est un chapeau fait en partie de poil de castor, & en partie d'autre poil. On fait aussi des draps de castor.