s. f. Petit vaisseau de cuir où on met l'argent qu'on veut porter sur soy, soit dans la poche, soit à la ceinture. Les voleurs demandent la bourse le pistolet à la main. les coupeurs de bourse sont ceux qui l'attrapent secrettement. Ce mot vient de bursa, dont les Auteurs de la basse Latinité se sont servis dans le même sens, & qui vient du Grec byrsi, qui signifie cuir. Menage.

On dit aussi, une bourse de cheveux, ou en broderie, quand le cuir est couvert de broderie, ou de cheveux.

BOURSE DE JETTONS, est une bourse pleine de cent jettons d'or ou d'argent, que certains corps d'Officiers font battre avec quelques devises pour en faire present aux Princes, aux Ministres, aux Magistrats de la protection desquels ils ont besoin. Un tel Comptable doit une bourse de jettons à son Rapporteur.

BOURSE, est aussi dans le Levant une maniere de compter. Le Grand Seigneur a tant de bourses de revenu. L'Egypte doit tant de bourses au Bacha qui la gouverne. Ces bourses sont de cinq cens écus, ou de vingt-cinq mille medins.

BOURSE, se dit aussi d'un homme riche qui a de l'argent. Ce Notaire dispose des meilleures bourses de Paris. ce galant homme a toûjours la bourse ouverte pour ses amis. dans les troubles toutes les bourses sont fermées, c'est à dire, il n'y a plus de commerce d'argent.

On dit d'un arbitre, d'un amiable compositeur, qu'il coupe la bourse à celuy qu'il condamne à donner quelque chose à sa partie adverse au delà de ce qu'il luy pourroit devoir à la rigueur, pour nourrir la paix entre eux. On le dit aussi des questueuses, & autres charitables incommodes, qui obligent des personnes à faire des charités malgré elles.

BOURSE COMMUNE, est une societé qui se fait entre deux ou plusieurs personnes de même profession, pour partager les profits de leurs charges, ou de leur trafic, afin qu'ils n'envient point la pratique les uns des autres, & qu'ils ne courent point sur leur marché. Les Secretaires du Roy, les Commissaires du Chastelet, les Huissiers du Parlement font bourse commune. les Marchands en societé font bourse commune.

BOURSE, se dit aussi de l'argent, ou du bien de quelqu'un. Avoir, manier la bourse, c'est à dire, Estre maistre de faire la despence. Mettre la main à la bourse, c'est à dire, Faire la despence d'un achat, d'un ouvrage, faire les frais d'une affaire. On dit aussi, Faire une affaire sans bourse délier, quand on fait un troc, un accommodement but à but, & sans qu'il en couste de l'argent. On dit aussi, qu'il faut faire la dépence selon sa bourse, pour dire, qu'il la faut faire selon son revenu. Avoir la bourse bien ferrée, c'est l'avoir bien garnie. Avoir la bourse platte, c'est être gueux, n'avoir point d'argent. Quand on plaide sur un retrait lignager, on est obligé d'offrir à chaque acte de la cause bourse & deniers à decouvert, & à parfaire.

BOURSE, en termes de College, est une espece de benefice ou de fondation faite pour entretenir de pauvres écoliers dans les estudes pendant cinq ou six années. Chaque bourse du College de Fortet à Paris vaut cent écus. Les bourses sont à la nomination des Patrons & Fondateurs.

BOURSE, en termes de Negociants, est en plusieurs villes ce qu'on appelle à Paris & à Lyon, le Change, c'est à dire, le lieu où les Marchands se trouvent pour negocier leurs billets. La Bourse de Londres, d'Anvers, d'Amsterdam. L'origine de ce mot vient de ce que la premiere place des Marchands qui s'est appellée Bourse a été en la ville de Bruges, au bout de laquelle il y avoit un grand Hostel basti par un Seigneur de la noble famille de la Bourse, dont on voit encore les Armoiries gravées sur le couronnement du portail, qui sont trois bourses. Cet Hostel donna le nom à la place où s'assembloient les Marchands, les Courtiers, les Commissionnaires, les Interpretes, & autres supposts de negoce, pour faire leurs affaires & leur commerce : & de cette ville qui étoit autrefois la plus fameuse pour le trafic, les Marchands ont transporté ce nom aux places d'Amsterdam, d'Anvers, de Berghen en Norvege, & de Londres, qu'ils ont nommée Bourse commune des Marchands avec tant d'opiniastreté, qu'ils ont mieux aimé renoncer au commerce de Londres, que d'obeïr à l'Edit exprés que fit la Reine Elisabeth, qui la vouloit faire appeller Change Royal, au lieu de Bourse.

On appelle dans les Sacristies, Bourses de corporaux, le carton, ou la boëste où on serre les corporaux qui servent à la Messe.

BOURSE, signifie aussi, la poche ou l'extremité d'un filet où le poisson ou le gibier se trouve embarrassé sans en pouvoir sortir.

BOURSE, en termes de Jardinage, est le bouton qui fleurit sur l'arbre pour faire du fruit. On l'appelle aussi charge, ou oeuil à fleurs.

BOURSE DE PASTEUR, est une petite herbe qu'on appelle autrement tabouret, dont les feuilles ont la figure d'une bourse.

On dit proverbialement, Au plus larron la bourse, quand on confie son argent à une personne infidelle, par allusion à ce qui est dit dans l'Ecriture, que Judas gardoit la bourse, & cependant étoit un larron.