s. m. Devise & Armes qui sont depeintes sur un Escu, telles que les portoient les anciens Chevaliers. Voilà le Blason d'une telle maison. On reconnut ce Chevalier à son Blason. Menage derive ce mot de latio, à cause que le Blason étoit porté par les Chevaliers sur leurs Escus. D'autres le derivent par metathese de l'Hebreu sobal, qui signifie tulit, portavit. Le mot Blason est venu de l'Allemand blasen, qui signifie sonner du cor, parce que ceux qui se presentoient aux lices des anciens Tournois sonnoient du cor pour faire sçavoir leur venuë. Les Herauts aprés sonnoient de leurs trompes, & puis blasonnoient les Armoiries de ceux qui se presentoient, & les descrivoient à haute voix, & quelquefois s'étendoient sur les loüanges & les exploits de leurs maistres.

BLASON, se dit aussi de la science particuliere qui apprend à dechiffrer les Armes ou Armoiries des Maisons nobles, & à en nommer toutes les parties dans leurs termes propres & particuliers. Le Blason étoit la science des Herauts d'armes. Les François sont les premiers qui ont reduit le Blason en art, & ce sont eux qui ont les Armes les plus regulieres. Il y a cette difference entre Armes ou Armoiries, & Blason, qu'Armoiries se dit de la devise ou des figures qu'on porte sur le bouclier, ou sur la cotte d'armes ; au lieu que Blason en est le dechiffrement ou la description. Tous les termes & jargon du Blason étoient de l'usage ordinaire de la Langue dans l'onziéme siecle où le Blason commença à se mettre en vogue ; car alors les sautoirs, les fusées, les girons, les rustres, &c. étoient des pieces du harnois des Chevaliers.

Le Blason represente en images la naissance, la noblesse, les alliances, les emplois, & les belles actions des hommes illustres. Barthole a écrit du Blason & des Armoiries en Jurisconsulte, & le President Chasseneu dans son Catalogue de la gloire du monde. Plusieurs en ont écrit en curieux & en Historiens, comme André Favin, Spelman, la Colombiere, Bara, Segoin, Geliot, les Peres de Varenne & Menestrier Jesuïtes, Philippes Moreau Advocat Bourdelois, &c. Scohier Chanoine de Berghes en Hainaut, qui dit que l'estude du Blason est un abysme, & que celuy qui s'y est appliqué 30. ou 40. ans y trouve toûjours matiere d'apprendre. Le Pere Menestrier a fait une Bibliotheque de tous les Auteurs qui ont écrit du Blason, des Armoiries & des Genealogies ; & en a fait un denombrement de prés de 300. Auteurs qui en ont écrit en diverses Langues.

BLASON, signifie aussi, un grand nombre d'Armoiries qu'on met en certaines ceremonies, particulierement aux enterrements, sur les tentures, litres ou ceintures funebres, ou aux cierges & aux torches. On a despencé une grosse somme pour payer le Blason d'une telle pompe funebre.

On dit aussi, le Blason des couleurs, pour expliquer ce qu'elles signifient, comme l'Or qui est le jaune, signifie, Richesse, force, foy, constance ; l'Argent qui est le blanc, Esperance, pureté, innocence, humilité ; l'Azur, Justice, loyauté, beauté, reputation, &c. Le Pere Monet a traitté au long du Blason des couleurs dans son livre du Blason qu'il a fait en François & en Latin.

BLASON, se disoit autrefois des loüanges, des éloges qu'on donnoit à quelque chose. Il y a eu des Poëtes qui ont fait le Blason ou l'éloge de la rose. Amyot a aussi appellé une épitaphe, Blason funeral.