FILS, FILLE. s. m. & f. Enfant masle ou femelle qui est provenu d'un pere & d'une mere par voye de generation. On dit que c'est un souhait de Roy, que d'avoir fils & fille. Fils de France ou Fille de France, ce sont les enfans du Roy.

FILS legitime, est celuy qui est venu en legitime mariage. Fils naturel ou bastard, qui est engendré hors le mariage. Fils adulterin, celuy dont le pere ou la mere estoient mariez ailleurs. Ce mot, selon Martinius, vient du Grec, phylon, gens, natio, generation, de phyo, nascor, d'où vient le fio des Latins.

FILS de famille, est celuy qui est encore sous la puissance paternelle. Fils émancipé, celuy qui en est sorti. Fils posthume, qui est né aprés la mort du pere.

FILS adoptif, celuy qu'on a adopté, comme on faisoit autrefois à Rome, & comme on fait encore en quelques endroits d'Allemagne & de Lorraine. On appelle aussi Mon fils, un jeune homme qu'on flatte, ou qu'on veut faire venir à soy.

FILS du premier lit ou du second lit, &c. se dit de ceux qui sont nez d'un premier ou d'un second mariage, &c. On appelle Beau-fils, celuy dont on a espousé le pere ou la mere, qui estoit né d'un premier mariage de l'un ou de l'autre. Petit-fils, est celuy qui est né de son fils ou de sa fille à l'égard d'un ayeul.

FILS, pris absolument, signifie par excellence, un enfant masle. Il n'a eu qu'un fils de ce mariage, & trois filles. les quatre fils Aymond.

On appelle le Verbe éternel Jesus-Christ, le vray Fils de Dieu, que son Pere a engendré de toute éternité ; & l'on baptise les Chrestiens au nom du Pere, du Fils, & du Saint Esprit.

On appelle figurément le Roy trés-Chrestien, le Fils aisné de l'Eglise.

On dit proverbialement, Il est fils de son pere, pour dire, Il ressemble à son pere tant par le visage que par les inclinations. On dit, Il est fils de bon pere & de bonne mere, mais il ne vaut guere ; comme aussi, Il n'est fils de bonne mere qui ne voulut accourir à un tel spectacle. On dit encore, qu'un homme se fait beau fils, pour dire, qu'il se ruine, qu'il mange son bien.

FILLE, se dit absolument de l'estat de celle qui n'a point esté mariée. C'est dommage que cette personne veuille demeurer fille toute sa vie. une vieille fille fait une vilaine figure dans le monde.

On appelle aussi filles, les personnes qui se sont consacrées à Dieu, qui ont fait voeu de virginité, soit qu'elles soient enfermées dans un Convent, soit qu'elles vivent sous la conduitte de quelque Pere spirituel. Une Abbaye de Filles. les Filles de la Visitation, de la Misericorde. les Filles de la Charité, des Malades. les Filles Beguines de Flandres.

Filles de la Reyne & des Princesses, sont des filles d'honneur qu'on met auprés d'elles pour estre eslevées à la Cour. On appelle dans des estages plus bas, Demoiselles & filles de chambre, celles qui servent des Dames à la chambre, ou qui les suivent : & en descendant on appelle filles, celles qui servent les lingeres, tapissieres, & autres qui font des ouvrages propres à des filles, & enfin toutes sortes de servantes, même celles d'hostelleries. Il faut donner quelque chose aux filles pour leurs épingles.

On appelle filles de joye, les personnes qui se prostituent dans les lieux publics.

On appelle poëtiquement les Filles de memoire, les Muses qui sont Filles de Jupiter ; & les Furies, les Filles de l'enfer.

FILLES, se dit figurément de certaines Eglises qui dépendent des autres comme leurs fondatrices. Les quatre Filles de Nostre Dame sont obligées d'assister à ses Processions. Les quatre Filles de Cisteaux sont Clervaux, la Ferté, Pontigni, & Morimont, qui sont toutes Abbayes, Chefs d'Ordre.

On dit proverbialement d'une chose qu'on met à l'enchere, & qui est venduë à prix d'argent, C'est la fille au vilan, qui en donnera le plus, l'aura.