s. m. Action par laquelle on taste, on examine une chose, pour en connoistre la qualité. Les Medecins font essay des drogues pour connoistre leur nature, si elles sont chaudes ou froides, douces ou acides. On fait essay des viandes qu'on sert sur la table du Roy. On fait des essais des especes à la Monnoye, devant que de les exposer en public. Pour n'estre point trompé en fait de chevaux, il ne les faut prendre qu'à l'essay.

ESSAY, se dit aussi des tentatives, des experiences qu'on fait pour voir si une chose reüssira. Il faut faire un essay des machines en grand, ce n'est pas assez que l'essay reüssisse en petit. On fait l'essay du canon avec charge & double charge. Corneille a dit dans le Cid :

Et pour leurs coups d'essay veulent des coups de maistre.

Quelques-uns derivent ce mot du Latin examen.

ESSAY, se dit figurément en Morale des ouvrages d'esprit. Plusieurs ont fait des Essais poëtiques. Montagne a fait un tres-beau Livre qu'il a appellé ses Essais. Il est sorti de Port-Royal de beaux Essais de Morale. L'Essay des merveilles de nature du Pere Binet sous le nom de René François, a esté imprimé vingt-cinq fois. L'Essay d'un Dictionaire Universel.

ESSAY, se dit aussi du vaisseau qui sert à faire l'essay. Il a toûjours dans sa poche un essay, une petite tasse. Les Cabaretiers appellent essais, de tres-petites bouteilles, dans lesquelles ils envoyent du vin pour en taster, pour en faire l'essay. On appelle aussi essay, le couvercle de la tasse ou de la couppe dans lequel on fait l'essay chez les Princes.

En matiere de monnoyes on fait un premier essay des matieres qu'on y apporte pour fondre, afin de les affiner & mettre au titre requis. On en fait un autre essay dans la chambre des delivrances par les Juges Gardes qui en font essayer la bonté, & pour cet effet prennent une piece de monnoye qu'ils couppent en quatre parties appellées peuilles, dont ils laissent une partie au Maistre, l'autre au Juge Garde. Il en retient une pour luy, & il fait essay de la quatriéme. Un fourneau d'essay est eschauffé par un fourneau de reverbere, où on essaye l'argent dans de petites coupelles, où on en met un demi-gros avec une bale de plomb, qui en s'esvaporant en emporte l'impureté. Mais l'essay d'or se fait sur quatorze grains d'or, auquel on adjouste le même poids d'argent tres-fin ; & aprés l'avoir battu en lames fort deliées, on les met dans un matras avec l'eau de depart, qui en separe tout l'argent, & on juge de la bonté de l'une & l'autre de ces matieres suivant la difference du poids qu'on trouve avant ou aprés l'operation.