s. f. Le bois d'un arbre de la hauteur & grosseur des vieux chesnes, qui leur ressemble par le coeur & l'aubier, mais qui est de couleur fort noire, laquelle luy donne son prix, parce qu'elle reçoit un beau poliment. Ses feuilles ressemblent à celles du laurier, & portent entre-deux un fruit comme un gland sur une petite queuë. Son aubier infusé dans l'eau purge la pituite, & guerit les maux veneriens ; ce qui a fait croire à Matthiole, que le gayac étoit une espece d'ébene. On en fait grand trafic à Madagascar. La meilleure ébene est celle qui est noire sans aucunes veines, qui est massive, astringente, & d'un goust aigu & picquant. Elle rend un parfum agreable, quand on la met sur les charbons, sans incommoder par sa fumée. Si on la presente au feu estant fraische, elle s'allume incontinent à cause de sa graisse ; mais quelque seche qu'elle soit, elle va toûjours au fond de l'eau. Si on la frotte contre une pierre, elle devient rousse. Les Indiens en font les statuës de leurs Dieux & les sceptres de leurs Rois. Ce fut Pompée qui le premier apporta l'ébene à Rome, aprés avoir vaincu Mithridate. Agricola dit qu'il y a une ébene minerale qu'on trouve dans terre. On l'appelle en Latin ebenus, & les Arabes luy donnent le même nom. Ce mot vient de l'Hebreu eben, qui signifie une pierre. L'ébene couppé s'endurcit comme une pierre.