s. m. Pierre minerale noire qui a de merveilleuses proprietez ; entre autres, d'attirer le fer, & de tourner ses poles vers le Nord & le Midi ; & même de communiquer sa vertu au fer qui la touche. On la trouve dans toutes les mines, & sur tout en celles de cuivre & de fer, de la nature desquels elle participe. Le bon aimant est fort solide, peu poreux, & peu pesant, homogene, de couleur d'eau, ou d'un noir luisant, & quelquefois d'une couleur perse ou bleu obscur ou tirant sur le roux. C'est une vision de croire qu'il y ait de l'aimant blanc. La vertu que l'aimant a communiquée au fer se perd, si on luy fait changer de figure, soit avec le marteau, soit avec les doits, comme une aiguille droite, si on la courbe, ou quand elle est courbe, si on la redresse. Ainsi l'asseure le Pere François Maria Grimaldi dans sa Physique. On appelle un aimant genereux, celuy qui attire fortement le fer. L'aimant se conserve en lieu sec & entouré d'escarlate : mais pour luy faire bien conserver sa vigueur, il faut l'armer & le suspendre par son équateur avec une corde de boyau, pour luy laisser prendre sa situation au Midi. S'il vient à tomber, il perd sa force pour quelque temps. On trouve ses poles en luy appliquant un morceau d'aiguille à coudre : car les deux endroits où les deux aiguilles demeureront droites, ce sont les deux poles. On tient que l'aimant rend fous ceux qui en ont pris, & que son contrepoison est l'or & la pierre d'esmeraude. Matthiole dit que l'aimant fondu avec de la bronze rousse, le fait devenir de couleur d'argent, comme la calamine donne la couleur d'or au cuivre. Pline dit que Dinocrates Alexandrin avoit commencé à vouter d'aimant le temple d'Alsinoé, afin d'y faire tenir son image suspenduë en l'air qui estoit toute de fer. On a fait accroire au peuple la même chose de la voute du sepulcre de Mahomet. Mais ce sont toutes fables. Gassendi & le Pere Fournier derivent ce mot de l'amour que l'aimant a pour le fer & pour le pole, quia nil amantius quàm attrahere & retinere. Menage le derive de adamante, ablatif de adamas, dont on a usé en cette signification. On l'appelle en Latin magnes, lapis Lydius ou Heraclius, parce qu'on le trouvoit dans Heraclée qui est une ville de Magnesie qui fait partie de la Lydie ; ou du nom d'un berger nommé Magnes, qui le premier le descouvrit avec le fer de sa houlette au mont Ida, comme témoigne Nicander. On l'appelle aussi Pierre Herculienne, à cause qu'elle monstre les chemins, dont Hercule estoit le Dieu & le guide. C'est ainsi qu'elle est nommée dans Euripide. On l'appelle aussi sideritis, à cause qu'il attire le fer, que les Grecs nomment sideros ; & en vieux François calamite. Gilbert, Cabeus, les Peres Grandami & Kircher, en ont écrit amplement. Le Pere Lieutau en a donné un nouveau Systeme. Descartes, Rohaut en ont expliqué plusieurs experiences.