s. m. Angle solide, composé de deux surfaces inclinées l'une vers l'autre. Il se dit tant de l'angle exterieur, comme, le coin de la ruë, la borne est posée sur le coin de la maison, de la muraille ; que de l'interieur, le coin d'une chambre, le coin de la cheminée. Ce mot vient de cuneus. Nicod. Ce qui a donné le nom au coin des monnoyes, à cudendis monetis.

COIN, se dit aussi des pointes, des extremitez de quelque chose. Ce Voyageur a vû les quatre coins du monde. j'ay fait les quatre coins de Paris, & le milieu, pour vous chercher. les Heretiques ont allumé la guerre aux quatre coins de la France. il y avoit des Officiers qui portoient les quatre coins du poile en cette pompe funebre.

COIN, se dit aussi de l'une & l'autre extremité de l'oeuil. Les fistules lacrymales viennent à un coin de l'oeuil. il s'est apperceu qu'on luy faisoit signe du coin de l'oeuil. il regarde les gens du coin de l'oeuil, pour dire, avec envie, avec mespris.

COIN, se dit aussi de quelque lieu esgaré & solitaire. Il a été assassiné au coin d'un bois. ce prodigue mourra quelque jour au coin d'un bled.

COIN, signifie encore un lieu retiré, caché, étroit. Il a eu tant de peur des Archers, qu'il s'est allé cacher dans un coin. il m'a demandé un petit coin de mon logis pour mettre ses hardes. on le vint chercher dans tous les coins & recoins du logis. On dit d'un homme qui n'a point vû le monde, qu'il n'a bougé du coin de son feu.

On dit à la Paume, qu'un homme tient bien son coin, quand il sçait bien soustenir & renvoyer les coups qui viennent de son costé. Et figurément on dit, qu'un homme tient bien son coin dans une conversation, dans un pourparler d'affaires, quand il parle juste & à propos lors que son tour vient de parler.

COIN, se dit aussi de plusieurs ornements qu'on met à diverses choses. Il a fait mettre des coins d'argent à cette cassette, à cette table, à cette paire d'Heures, pour dire, des plaques d'argent aux extremitez. Il a fait broder les coins de son bas de soye : c'est l'endroit qui est vers la cheville du pied, où l'estame, le tissu se divise. Il a été obligé de prendre des coins, à cause que ses cheveux sont trop courts : ce sont des cheveux postiches, que les hommes mettent pour faire paroistre leurs cheveux plus longs ; & que les femmes portoient autrefois pour retrousser & enfler leurs coeffures.

COIN, en termes de Manege, se dit des quatre dents du cheval situées entre les mitoyennes & les crocs, qui poussent lors que le cheval a quatre ans & demi.

COINS, se dit aussi des quatre angles, extremitez ou lignes de la volte, lors que le cheval travaille en quarré. Ce cheval a fait les quatre coins.

COINS, signifie dans les Mechaniques, une piece de bois ou de fer fort aiguë, qui sert à fendre, presser, ou élever d'autres corps. Le coin est le second principe des Mechaniques, qui a la force de deux leviers inclinez l'un vers l'autre, & qui agissent à droit & à gauche. Les plus gros arbres se fendent avec des coins. Les coignées, couteaux, & autres instruments fendans & tranchans n'agissent que par la vertu du coin. Les Canoniers ont des coins de mire, qui sont des pieces de bois minces par un bout, & espaisses par l'autre, qui servent à élever les canons jusqu'au point qu'ils desirent. Les Menuisiers, les Tonneliers, ont des coins pour serrer ou presser les chassis, les cerceaux, & autres ouvrages. Les Imprimeurs chassent des coins dans leurs formes pour les serrer & tenir en estat. Les Maçons ont aussi des coins ou cales sur lesquelles ils posent leurs pierres.

COIN, en termes de Monnoye, est le morceau de fer trempé & gravé qui sert à marquer, à frapper les monnoyes, les medailles, les jettons. On change tous les ans les coins des monnoyes. cet escu est marqué d'un faux coin.

On appelle aussi coin, le poinçon, la marque qu'on met sur la vaisselle d'argent, ou d'estain. Cette aiguiere d'argent est du coin ou du poinçon de Paris. ce Maistre Potier d'estain a un tel coin, une telle marque. chaque maistre est obligé de porter son coin, de laisser une empreinte de sa marque sur une table au Greffe de la Cour des Monnoyes, à l'égard des Orfevres ; ou au Greffe de la Police à l'égard des autres ouvriers.

On appelle aussi un coin de beurre, une livre, ou demie-livre de beurre, qui est de figure platte & pointuë par les deux bouts.

On dit figurément d'un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu'il est marqué au bon coin.

COIN, est aussi une espece de fruit à pepin, gros, cottonneux & pierreux, qui est de la figure d'une poire, & qui jette une odeur tres-forte quand il est enfermé. On fait cuire des coins sous la cendre. le cotignac se fait de coins. On dit d'un malade de la jaunisse, qu'il est jaune comme un coin. En Latin cydonium, cotoneum malum. L'arbre qui le porte s'appelle coignassier ou coignier.