s. m. Vieux mot, qui signifioit autrefois sçavant, aussi-bien que Clergie, doctrine. Ainsi Pasquier dit que les Officiers des Comptes ont été creés sous le titre de Clercs des Comptes ; & que les Secretaires d'Estat s'appelloient Clercs du Segré. C'est en ce sens qu'on dit encore, C'est un homme habile, & grand Clerc ; cet homme n'est pas grand Clerc ; & que Regnier a dit,

N'en deplaise aux Docteurs, Cordeliers, Jacobins,

Ma foy les plus grands Clercs ne sont pas les plus fins.

Ce mot & ses derivés viennent du Grec kliros, qui signifie Clergé, mais principalement sort, heritage.

CLERC, étoit autrefois un jeune Gentilhomme qui apprenoit les exercices militaires, & qui étoit un Novice de Chevalerie. C'est en ce sens qu'on dit, Il en parle comme un Clerc d'armes, comme un homme qui n'est pas experimenté au fait de la guerre.

CLERC, signifie aujourd'huy, un jeune homme qui est destiné à l'estat Ecclesiastique, & qui en a pris le premier caractere, qui est la tonsure. Un Clerc tonsuré. C'est en ce sens qu'on dit, Le Prestre, & son Clerc, pour dire, celuy qui chante la Messe, & celuy qui luy répond ; que les Clercs portent les chandeliers ; & qu'on appelle Clercs de Chapelle dans les Maisons Royales, ceux qui servent à la Messe, & à decorer la Chapelle.

CLERC, se prend plus generalement pour tous ceux qui sont de l'estat Ecclesiastique, depuis les tonsurés jusqu'aux Prelats. Ainsi on dit, que les Canons excommunient ceux qui mettent la main sur les Clercs. Le privilege des Clercs est de plaider devant leurs Juges Ecclesiastiques. Une charge de Conseiller Clerc, est celle qui ne peut être possedée que par un Ecclesiastique. Le Pré aux Clercs de Paris étoit un pré appartenant à l'Université, dont le corps est d'Ecclesiastiques.

Dans les vieux Titres on a appellé aussi Clercs, plusieurs petits Officiers des Maisons Royales, comme Clercs de Cuisine, Clercs d'Escurie, Clercs de Panneterie, Clercs d'Eschansonnerie, Clercs de livrées de la Maison du Roy. Ce nom est demeuré seulement aux Clercs d'office, qui sont les petits Controlleurs.

CLERC, en termes de Palais, est une espece de Commis ou de Scribe qui sert à écrire chez les gens de Justice, ou de Pratique. Un Clerc de Conseiller, ou de Rapporteur. Un Clerc d'Advocat, de Notaire, de Procureur, d'Huissier, de Greffier. Le Maistre Clerc d'un Procureur est celuy qui a soin d'instruire les affaires pendantes au Parlement. Le Clerc des Requestes est celuy qui a soin d'instruire les instances des Requestes du Palais, ou de l'Hostel. Les petits Clercs sont les Copistes. La Basoche est une Jurisdiction establie entre les Clercs pour juger les differents qui surviennent entre eux. Ce mot a signifié originairement trois choses, un homme Ecclesiastique, un homme de Lettrés, & celuy qui écrit sous autruy, comme prouve Loyseau. Mais sa plus ancienne signification est en ce dernier sens : car on nommoit Clercs tous ceux qui faisoient profession d'écrire sous l'autorité d'un autre, & même ceux qu'on nomme aujourd'huy Secretaires d'Estat, étoient appellés autrefois Clercs, & Notaires.

CLERC, se dit aussi des Commis pour faire les affaires & les courses necessaires dans les Communautés. On appelle dans les Parroisses, le Clerc de l'oeuvre, le Clerc d'une Confrairie, celuy qui fait les affaires, & le recouvrement des deniers deus à l'oeuvre & à la Confrairie. Dans les corps des Marchands & des Artisans, le Clerc des Orfevres, le Clerc des Fripiers, celuy qui a soin de convoquer les assemblées du corps, de porter des billets pour trouver les choses perduës, &c. Il y a aussi un Clerc parmi les Sergents.

CLERC DU GUET, en termes de Marine, est celuy qui a soin d'assembler le guet sur les ports de mer, & sur les costes, & qui en fait le rapport à l'Admirauté, suivant le titre 6. du liv. 4. de l'Ordonnance de la Marine.

CLERC, se dit aussi en ces phrases. On dit, qu'un homme a fait un pas de Clerc, pour dire, qu'il a fait une faute par ignorance : ce qui ne se dit pas seulement des Clercs, mais aussi de toutes autres personnes qui se mesprennent, & qui font des choses dont ils se repentent. On appelle aussi vice de Clerc, une faute d'écriture qu'on ne peut pas imputer à celuy qui a dressé ou fait l'acte, qu'on peut aisément corriger par ce qui precede, ou qui suit. On dit aussi, Compter de Clerc à Maistre, quand un Commis compte seulement de ce qu'il a receu, & deboursé de son maniement, sans être responsable d'autre chose. On dit aussi, Parler Latin devant les Clercs, parce qu'autrefois on appelloit Grand Clerc, un habile homme ; & Mauclerc, un ignorant.