s. f. Papier. Il n'est gueres en usage qu'en cette phrase. Donner la carte blanche à quelqu'un, pour dire, luy donner un papier blanc signé pour le remplir de ce qu'il luy plaira.

On le dit aussi au figuré, pour dire, Se soûmettre à toutes les conditions qu'un autre nous voudra imposer.

CARTE, est aussi une grande feuille de papier, ou plusieurs feuilles collées ensemble, sur lesquelles on a tracé, depeint, ou gravé la representation du monde, ou de ses parties. Les cartes geographiques contiennent la description des terres ; les hydrographiques, celle de la mer ; les chorographiques, celle d'une region ; les topographiques, celle de quelques lieux particuliers. Hevelius a fait le premier des cartes selenographiques, qui contiennent la description des figures qui apparoissent en la Lune. On en fait maintenant de plus exactes à l'Observatoire du Roy. La carte universelle s'appelle la mappemonde. On dit aussi des cartes cosmographiques, pour dire, la description du monde. On a trouvé l'invention de faire des cartes topographiques fort exactes, en faisant des observations avec des instruments garnis d'alhidades en deux stations. Le premier qui en a écrit a été Philippes d'Amfrie Tailleur General des Monnoyes de France en 1597. & depuis luy Adrianus Metius, Morgard, Henrion, & les Peres Jean François Schot & Pardies Jesuïtes, comme a rapporté le Sr. Comiers en son Traitté des Lunettes.

CARTE MARINE, est une carte où on prend peu de soin de marquer les villes qui sont en terre ferme, mais on en écrit exactement la mer, les costes, les ports, les bancs de sable, les seiches, & les golphes. On y décrit aussi outre les longitudes & latitudes, les lignes des rhumbs des vents. On y marque les Meridiens en lignes paralleles : ce qui est sujet à beaucoup d'erreurs. On se sert sur la Mediterranée de cartes par routes & distances. Elles n'ont point d'autres lignes que celles des rhumbs de vent, & une seule eschelle qui se mesure par milles. Les matelots ont des cartes au point plat ou au point commun, qui sont les ordinaires ; d'autres au point reduit, quand les degrez de latitude sont inegaux : ce qui arrive, lors que la projection de la carte est telle, que le Pole y sert de centre, & que les rayons en marquent les Meridiens.

Pointer la carte, c'est, Marquer le lieu sur la carte où on croit estre en pleine mer, suivant l'observation & l'estime d'un Pilote.

On fait aussi sur terre des cartes de routes pour les logements des gens de guerre, & pour les campements : & on dit, Oster quelqu'un de dessus la carte, pour dire, l'exempter du logement des gens de guerre, faire detourner un peu la route.

Sçavoir la carte, se dit non seulement au propre, de ceux qui sçavent la Geographie, mais plus souvent au figuré, de ceux qui connoissent les intrigues d'une Cour, le train des affaires d'un Estat, les destours d'une maison, les connoissances, les habitudes, les secrets d'une famille, d'un quartier.

CARTE, signifie aussi, un corps fait de plusieurs feuilles de papier collées ensemble, ou de papier haché, mouillé, reduit en bouillie, rassemblé & seché dans une presse. On met de la carte dans les collets de pourpoint, & dans plusieurs choses qu'on veut rendre dures & fermes. On fait des images de carte dans des moules, des plaques, des ornements de plafonds avec de la carte dorée.

On le dit en ce sens d'un petit morceau de carte deliée & marquée de plusieurs points ou figures, dont on assemble un certain nombre pour joüer à plusieurs sortes de jeux. Il a eu ce coup-cy le plus beau jeu de la carte. Une carte haute, est une carte figurée ou peinte. On y compte aussi quelquefois les as. Une carte basse, est celle qui est marquée des moindres points jusqu'à six. une carte de coeur, de carreau, de pique & de trefle.

CARTES, se dit plus ordinairement au plurier. Il y a plusieurs jeux de cartes, le Picquet, le Berlan, l'Homme, l'Hombre, le Lansquenet, la Bassette, la Triomphe, le Here, l'Imperiale, le Hoc, le Reversis, la grande & petite Prime, la Menille, &c.

On appelle fausses cartes, non seulement les cartes marquées avec lesquelles on pippe au jeu ; mais on dit aussi, qu'il est entré une fausse carte dans un jeu, quand c'est une carte toute seule d'un point. Elle est desavantageuse, parce qu'on est obligé d'obeïr à une plus haute de même point qu'on jette, & qui fait perdre la main.

On dit aussi, Battre, mesler, brouiller, couper les cartes, lors qu'on les manie long-temps pour en changer l'ordre & la disposition, & qu'ensuitte on en separe le jeu en deux.

On dit figurément en ce sens, que les cartes sont bien brouillées, quand dans un Estat, ou dans une Cour, il y a des troubles, des guerres, des dissentions, des interests, & des affaires fort difficiles à accommoder.

On appelle, Joüer bien les cartes, faire les cartes, gagner les cartes, quand on fait davantage de levées de cartes qu'on jouë sur table, que celuy contre qui on jouë.

On dit proverbialement d'une maison bien enjolivée, mais bastie peu solidement, que c'est un chasteau de carte.