Imprimer
Catégorie : Non classifié
Affichages : 801
subst. masc. est un breuvage fait d'une espece de feve noire qui croist seulement dans l'Arabie Heureuse. Les Turcs le nomment cahué ou caoua. Elle est fort estimée par tout l'Orient, & l'usage n'en est devenu commun en Occident que depuis environ 25. ans. Il y a en Turquie des cabarets exprés pour en vendre, comme on fait le vin en ces quartiers. A Londres on dit qu'il y a trois mille cabarets de caffé. Ce breuvage se fait ou de l'écorce de la feve, & c'est celuy qui a le plus de vertu ; ou de la substance même. On la fait rostir au feu, & puis on met deux ou trois drachmes de cette poudre rostie sur une livre d'eau bouillante, ou une cuillierée sur trois tasses d'eau. L'arbre est toûjours verd, ressemble au fusin ou bonnet de prêtre. Sa vertu est d'être chaude & seche, & propre à l'estomac. Elle fortifie les membres, mondifie le cuir en dessechant les humiditez qui sont dessous, & donne bonne odeur à tout le corps. Elle guerit l'obstruction des visceres, provoque les mois des femmes, guerit la galle & la corruption du sang, la migraine & l'hydropisie. Plusieurs luy attribuent les mêmes vertus qu'au thé. On boit de ce breuvage à toute heure, & du moins trois fois par jour. On le hume fort chaud & à petits traits, de peur de se brusler ; & il sert d'entretien dans une longue conversation. C'est une des choses necessaires que les Turcs sont obligez de fournir à leurs femmes. Son goust est amer, & sent le bruslé ; mais en deux jours on s'y accoustume. Pour l'adoucir on y met du sucre & du girofle. Le premier qui en a escrit vers le IX. Siecle a été Zacharie Mahomet, Rases ou Rhasis celebre Medecin Arabe, puis Ebensina dit Avicenne, Prosper Alpinus au livre des Plantes d'Egypte, qui est le premier qui en a donné des nouvelles aux Européens il y a environ cent ans ; Veslingius dans ses Observations, Bauhinus dans son Pinax, Olaus, Wormius, Olearius & Leonard Rauwolf dans leurs Itineraires ; Mollembrok, Pietro della Valle, Thevenot dans leurs Relations. Simon Pauli en a condamné l'usage dans un Commentaire contre le thé & le tabac, & il lui objecte qu'il énerve les hommes, comme témoigne Olearius. Le caffé fut decouvert, au rapport du Maronite Fausto Nairone, par le Prieur de quelques Moines, aprés qu'il eut été averti par un homme qui gardoit des chevres ou des chameaux, que quelquefois son bestail veilloit & sautoit toute la nuit. Ce qui fit qu'il en essaya la vertu qu'il a d'empêcher le sommeil ; & il l'employa d'abord à empêcher que ses Moines ne dormissent à Matines. On dit qu'il dissipe aussi la tristesse, parce qu'il est remply de sels volatils & de soulfre. On tient qu'il n'est pas propre aux bilieux, ni à ceux qui digerent trop viste.