s. m. Animal sauvage ressemblant au boeuf, si ce n'est qu'il est plus long & plus haut. Il a la corne fort noire, & se met en furie en voyant de l'escarlate. Son corps est fort gros, & sa peau tres-dure. Il est au reste fort maigre. Il a le poil fort court & tres-noir. Il n'en a presque point à la queuë, mais il en a beaucoup sur le devant de la teste, laquelle est fort petite en comparaison du corps. Ses cornes sont fort larges, sont col fort gros, & long à proportion, sa queuë fort petite, & ses cuisses grosses & courtes. Ce n'est point le bubalus des Anciens, puis que le bubalus est un animal d'Afrique, & fort petit en comparaison de celuy-cy. Ce qui a donné occasion à l'erreur de quelques-uns est la ressemblance des noms. Les boeufs sont de la campagne, & les bufles des forests. On estime les chapelets faits de corne de bufle. Les Allemands l'appellent buffel, d'où est venu nôtre mot François, & l'Espagnol bufano. En Latin bubalus. Menage derive ce mot de bufalus, qu'on a dit pour bubalus chez quelques Auteurs.

En termes de Blason, on appelle les bufles bouclés, parce qu'on les represente avec une boucle. En vieux Gaulois bugle signifioit un boeuf.

BUFLE, se dit aussi d'un juste-au-corps fait de la peau d'un bufle, qui est fort espaisse, & qui étant bien preparée, sert d'une arme deffensive. Tous ces Gendarmes avoient de beaux bufles, des colletins de bufles.

On dit figurément, qu'un homme est un vray bufle, pour dire, qu'il est un stupide ; & qu'il se laisse mener par le nez comme un bufle, pour dire, qu'il est aisé à tromper, qu'on le mene comme on veut : parce qu'on a de coûtume de passer un cercle de fer ou d'autre matiere au travers des narines de cet animal pour le mener où l'on veut.