C'est un certain brillant violet qu'acquiert le fer bien poly, quand il a passé au feu dans un certain degré de chaleur.

On dit qu'on met une chose en couleur, quand on rafraischit les peintures, quand on les decrasse, quand on y met du vernis & autres drogues qui en font revivre ou paroistre les couleurs à demy effacées.

Nuance de couleurs, est une certaine disposition de la même couleur meslangée, & montant par degrez depuis le plus clair jusqu'au plus obscur. Leurs noms seront expliquez à leur ordre.

COULEUR, se dit aussi de la disposition du teint, du visage & des chairs. Les gens qui se portent bien ont la couleur vermeille, sont hauts en couleur. Les Espagnols ont la couleur olivastre. Les filles qui ont leurs ordinaires ont la couleur plombée. Celles qui sont trop amoureuses ont les pasles couleurs. Quand la cangreine paroist, elle rend la chair de couleur livide.

On le dit aussi des alterations qui se font au visage par les mouvements interieurs de l'ame. Un reproche veritable fait à un homme, le fait changer de couleur, il rougit de honte, & paslit de colere. La couleur luy a monté au visage, pour dire, Il a rougy.

COULEUR, se dit encore des changements qui arrivent aux corps par la differente cuisson & application du feu, & sur tout en Chymie. Ce pain, ce rost est cuit, mais il n'a pas encore assez de couleur. Les Chymistes admirent les changements de couleurs qui se font dans les metaux, & cherchent sur tout le beau rouge, le beau citrin, qui font les couleurs de la Benoiste.

COULEUR, en termes de Fleuriste, se dit d'une tulippe qui n'est que d'une couleur, dont la plus fantasque est la plus estimée. On a mis les panachées dans ces carreaux, & les couleurs sont dans les costieres.

COULEUR, en termes de Blason, est une des principales designations des pieces de l'Escu. On n'en admet que cinq ; gueules, c'est le rouge ; azur, le bleu ; sinople, le verd ; le sable, le noir ; le pourpre est mêlangé de gueules & d'azur. Leurs significations seront expliquées à leur ordre. C'est une maxime, qu'il ne faut point mettre couleur sur couleur, ni metail sur metail. On tient que ce fut un certain Oenomaus qui inventa la distinction des couleurs pour les diverses Quadrilles des combattans aux Jeux Circenses : le verd pour ceux qui representoient la terre, & le bleu pour ceux qui representoient la mer.

COULEURS, au plur. se dit aussi des livrées que quelqu'un affecte & choisit pour se distinguer d'un autre, & pour signifier quelque passion ou mystere. En ce sens il vient du Blason, & de la coûtume des anciens Chevaliers, qui dans les tournois, armez de toutes pieces, n'étoient distinguez que par leurs habits, plumes, & rubans de diverses couleurs, qui étoient ordinairement celles de leurs maistresses, & qui étoient le symbole de quelque qualité, de leur passion. De là est venu le blason des couleurs, auquel on a attribué diverses significations qu'on trouve dans les Livres de la Science Heraldique. Et comme les Chefs de ces tournois faisoient habiller toutes leurs Quadrilles de même parure, cela a fait qu'on a appellé couleurs les habits que les personnes de condition donnoient à leurs gens de livrée. Ainsi on dit que le bleu c'est la couleur du Roy, le verd la couleur de la Maison de Lorraine, &c. On appelle proprement Gens de couleurs, les Pages, Laquais, Cochers & Suisses. Et quand on dit absolument, qu'un homme a porté les couleurs, on entend luy reprocher qu'il a été Laquais.

Le mot de couleur vient du Latin color, qui vient du verbe Grec chroo, coloro, je donne la couleur.