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s. f. Chemin, ruë, passage qui est au public, pour aller d'un lieu à un autre. Il est deffendu de faire aucune avance ou construction qui embarrasse, qui incommode la voye publique. La voye des carrosses, des charrettes, est le chemin le plus seur à tenir.

VOYE, se dit aussi des divers chemins qu'on prend pour arriver en quelque lieu. Il y a deux voyes pour aller à Lyon, l'une par Dijon, l'autre par Nevers. En allant à Chartres, j'ay suivi la voye des carrosses par Limours : en revenant j'ay pris celle des Poulailliers par Saint Leger.

VOYE, signifie aussi la commodité avec laquelle on va d'un lieu à un autre, la qualité des voitures. Quand on est pressé, on prend la voye de la poste, ou du Messager. La voye du carrosse, ou des coches d'eau, est la plus douce & la plus commode. Il n'est rien tel, quand on voyage, que de prendre les voyes, les commoditez publiques, pour n'estre point embarrassé de son equipage. On dit en ce sens, Je vous feray tenir mes lettres par la voye ordinaire, par la poste. Je vous enverray mes marchandises par la voye des Rouliers.

On dit aussi en termes de Banque, On vous fera tenir vostre argent par la voye des Marchands d'Amsterdam, par la voye de Hambourg, par la voye d'un Banquier, d'un Doüanier.

En termes de Chasse on appelle voyes, l'endroit par où le gibier a passé, quand on le suit à la piste, ou par l'odeur ou l'impression qu'il a laissée dans l'air. On a remis les chiens sur les voyes. La voye se dit particulierement du cerf. Pour toutes les autres bestes on dit piste ; & on appelle voyes surmarchées, celles que foulent les chevaux & les chiens dans quelque retour. En general on appelle voyes, les grands chemins ; & on dit qu'un cerf va la voye, quand il va par les grands chemins. Les sentiers qui traversent les forts s'appellent routes.

En termes de Charronnage, on appelle voye, l'espace d'un essieu qui est entre les deux rouës d'un harnois d'un carrosse. Il y a des reglements faits pour la longueur des essieux des charrettes, des carrosses, pour ne point faire tant de differentes ornieres, afin que les voyes soient égales.

En termes de Menage, on dit qu'une chose est en voye, pour dire, qu'elle n'est pas enfermée sous la clef, qu'elle sert ordinairement. Voilà tant de douzaines de servietes, tant de vaisselle qui sont en voye. Cet homme est un negligent, il ne serre rien, il laisse tout en voye.

VOYE, se dit aussi de ce qu'on transporte à chaque voyage qu'on fait. Une voye de moilon, de carreaux de pierre de taille. Une voye de bois. Il faut douze voyes d'eau pour emplir cette baignoire. Quelques-uns derivent ce mot de fois, qui vient du Latin vices, parce que les Allemans avec qui on a eu grande communication, prononcent l'u comme une f.

On appelle sur mer une voye d'eau, l'ouverture qui est dans le bordage du navire, quelque petite fente par où l'eau entre dans le vaisseau.

En Astronomie on appelle la Voye lactée, une blancheur qui paroist la nuit au ciel en forme d'un chemin. On a découvert qu'elle procede de la lumiere d'un nombre infini d'estoiles, qu'on n'apperçoit qu'avec de grandes lunettes. Le peuple l'appelle le chemin de St. Jacques. Les Payens l'appelloient le chemin des Dieux.

On appelle une porte à claires voyes, celle qui est-faite en treillis de barreaux de fer, ou de bois, à travers laquelle le jour passe. On le dit aussi des clayes qui servent à passer le sable. Des étoffes à claires voyes, comme de la gaze, du canevas, & autres choses qui laissent passer le jour.

VOYE, se dit figurément en choses spirituelles & morales, & signifie encore, Chemin. JESUS-CHRIST nous a monstré la voye du salut, il faut marcher dans sa voye. Il ne faut pas suivre la voye des impies, des Heretiques, qui ne sont pas dans la bonne voye, qui sont dans la voye de perdition. L'Evangile nous apprend que la voye du Paradis est étroite.

On dit aussi, que des gens qui ont un procés ou une querelle sont en voye d'accommodement, quand ils ont remis leurs interests entre les mains d'arbitres ou d'entremetteurs : qu'on est en voye de faire fortune, quand on est en passe pour cela, qu'on a des charges ou des emplois où on a coûtume de la faire.

VOYE, signifie aussi le moyen dont on se sert pour arriver à quelque fin. La plus courte voye pour faire une affaire, c'est de gagner par argent ceux qui ont le pouvoir de la faire. Il y a des gens qui font fortune à la Cour par des voyes differentes : les uns prennent la voye de s'attacher au Roy, d'autres aux Ministres.

En ce sens on dit qu'un homme a gagné du bien par les bonnes voyes ; d'autres par des voyes obliques, indirectes, par de mauvaises voyes : qu'un Prince est venu à la Couronne par des voyes sanglantes, par la conqueste ; un autre par la voye legitime & paisible, par succession.

En termes du Palais, on dit qu'un homme est pourveu d'une charge, d'un Benefice, par les voyes canoniques. On condamne toutes les voyes de fait, c'est à dire, la force, la violence. Un executoire porte, qu'un homme sera contraint par toutes voyes deuës & raisonnables. On tient en Jurisprudence, qu'il est permis à un Juge de deffendre sa jurisdiction par toutes voyes & toute sorte de moyens.

On dit aussi, qu'il faut se pourvoir par les voyes de droit, qui sont l'appel, l'opposition, la requeste civile, &c.

VOYE, se dit en Philosophie des manieres de découvrir & de raisonner des choses. La voye analytique est la plus courte & la plus seure pour raisonner en Physique ; en Chymie, pour resoudre les problemes de la Geometrie, de l'Algebre.

VOYE, se dit aussi d'une conduite secrette par laquelle Dieu & la Nature agissent, tant en matiere spirituelle que corporelle. Les voyes de la Providence sont impenetrables. L'ame agit sur les corps par des voyes inconnuës. La nature a des voyes fort cachées, des conduits fort secrets pour produire les mineraux, les plantes, pour nourrir les animaux, &c.

VOYE, se dit proverbialement en cette phrase : C'est un homme qui est toûjours par voye & par chemin, pour dire, qu'il n'arreste guere en son logis.