s. m. Action de l'oiseau qui s'eslance, qui se meut, qui se soustient en l'air. Presque tous les oiseaux ont un vol different. Le vol de l'aigle est le plus haut. L'esprevier & l'autour ont les vols beaux, de haute entreprise & de combat.

VOL, se dit aussi de l'estenduë, de la durée de ce mouvement. Il y a des oiseaux qui ont un vol eslevé ; d'autres dont le vol est lent, foible, court & terre à terre. Le vol de la perdrix, du faisan, n'est pas de longue estenduë. On dit aussi, qu'un bon oiseau a le vol roide & pointu. Un vol à tire d'aile, un vol à saillies & à efforts, à bricoles. On dit un vol toûjours amont, comme celuy de l'aloüette ; un vol à grands cernes & ondées, comme celuy des moineaux, qui vont haut & bas ; un vol bruyant & aspre, comme celuy de la colombe ; un vol paisible, qui fend l'air sans remuer. Les Augures se vantoient de predire l'avenir par le vol des oiseaux.

VOL, en termes de Fauconnerie, se dit de l'equipage des chiens & des oiseaux de proye qui servent à prendre du gibier. Le Roy a des vols pour le heron, pour le milan Royal, pour le milan noir, pour buses, pour faux perdreaux, pour cercerelles, pour hibous, pour pies, pour corneilles, pour corbeaux, pour choucas, pour courlis, pour canepetieres, pour les champs & pour les liévres. Il a de espreviers pour les merles & perdrix ; des cormorans pour voler sur les rivieres, &c. On dit le vol pour le gros, celuy qui se fait sur les oiseaux de fort & de cuisine, comme oyes, gruës, &c. Il a des Officiers pour chaque vol. Ce Gentilhomme est chef d'un tel vol. Le vol du milan se pratique avec quatre oiseaux. On luy donne premierement un sacret, puis on jette deux sacres, & enfin un gerfaut. Au vol du heron on se sert de trois oiseaux. On nomme le premier haussepied, qui le va chatouiller, & le fait hausser. Le second qu'on jette en secours, s'appelle tombisseur ou attombisseur. Le troisiéme s'appelle teneur, qui est d'ordinaire un gerfaut.

VOL, se dit aussi de la maniere de voler sur le gibier. On appelle vol à la toise, lors que l'oiseau part du poing à tire d'aisle poursuivant la perdrix au bourrir qu'elle fait de terre ; vol à la source, qu'on appelle autrement à leve cul, lors que la perdrix part, ou qu'on fait partir le heron. Vol à la renverse, se dit au renverser des perdrix avau le vent. Vol à la couverte, se dit lors qu'on approche le gibier à couvert derriere quelque haye.

VOL, en termes de Blason, se dit de deux ailes d'oiseau posées dos à dos, comme s'il vouloit voler ; & quand il n'y a qu'une aile seule, on l'appelle demi-vol. Quand il y en a trois, il faut dire trois demi-vols. On appelle vol banneret, celuy qui se met au cimier, & est fait en banniere, le dessus couppé en quarré comme l'Escu des anciens Chevaliers.

VOL, se dit parmi les Machinistes, d'un mouvement par lequel ils enlevent promptement en l'air quelque corps. Il y a dans un tel Opera un vol d'un Zephyre, d'un Mercure, qui est surprenant, qui est bien executé.

On appelle en pays Coûtumier le vol du chapon, une étenduë de terre, telle que celle où pourroit parvenir le vol d'un chapon, laquelle est deuë à un aisné partageant noblement avec ses freres, lors qu'il n'y a point de principal manoir en une Seigneurie. On estime cela à un trait d'arc, ou à un arpent ou septerée de terre.

VOL, se dit figurément en choses morales, de l'elevation où on se veut mettre au dessus des autres, de ce qui est au dessus des sorces de quelqu'un. Cet Auteur en commençant cet ouvrage, a pris un vol trop haut, je ne sçay s'il le pourra soustenir. Ce Seigneur a pris un grand vol, il fait despense en chevaux, en valets, en habits ; il faut bien du revenu pour soustenir un tel vol.

VOL, signifie l'action d'enlever, de prendre le bien d'autruy, soit par force, soit par adresse. Les vols des grands chemins sont punis de la rouë ; les vols domestiques de la corde. Le vol des Procureurs, des Sergents, est d'ordinaire impuni. En Jurisprudence on distingue le vol manifeste, du vol secret ou deguisé.

VOL, se dit aussi d'un rançonnement, d'une tromperie faite en contractant. Quand un hoste, un Marchand, vendent une chose le double ou le triple de ce qu'elle leur a cousté, on a raison de dire que c'est un vol manifeste. Quand un stellionataire vend une chose qui ne luy appartient pas, qui est absorbée par des hypotheques, c'est un crime, c'est un vol qu'il commet. Le vol que les banqueroutiers font à leurs creanciers est puni de mort par tout l'Orient. La derniere Ordonnance porte bien la même peine, mais elle est presque toûjours eludée.

VOL, signifie aussi la chose volée. On a fait un vol qualifié dans cette maison, mais le vol a été retrouvé. Ceux qui recelent un vol sont punis de la même peine que les voleurs.