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s. m. Agitation de l'air, air rarefié. Le vent est mis au rang des meteores. L'Escriture dit que Dieu tire le vent de ses tresors. Descartes demonstre la formation du vent par la comparaison des eolipiles. On fait du vent avec un éventail en remuant l'air. Les Anciens croyoient que les cavales de Portugal concevoient du vent, à cause de leur vistesse. En ce sens on dit qu'il fait vent, que le vent s'eleve, que le vent souffle de ce costé-là ; qu'une maison est à l'abry du vent, du mauvais vent, quand on en est à couvert ; que des arbres sont à plein vent, quand ils ne sont point attachez à quelque muraille.

On appelle vent coulis, un petit vent qui entre par l'ouverture des portes, ou des fenestres & cloisons qui joignent mal.

VENTS SOUSTERRAINS, sont les vents enfermez dans les entrailles de la terre, & qui sont cause de ses tremblements.

VENT, signifie encore simplement de l'air. Bailler vent à un tonneau. Ce tuyau prend vent. Ce soufflet perd son vent. Un balon est rempli de vent.

VENT, signifie encore l'haleine, l'air qu'on respire. Il faut faire une pause pour reprendre son vent. Ce plongeon retient bien son vent. Ce Trompette a bon vent. Tirer son vent, c'est respirer.

VENT, signifie aussi l'air enfermé dans le corps des animaux, quand il sort par haut, ou par bas. Cet homme est travaillé de vents. La bile engendre bien des vents. Il a lasché un vent par derriere. En Medecine on connoist une hydropisie de vents.

VENT, signifie aussi une chose petite & legere. Vivre de vent, c'est à dire, presque de rien. Se repaistre de vent, de chimeres. La gloire de ce monde n'est que du vent. Il croyoit gagner beaucoup en cette affaire, mais il n'en retirera que du vent. Ce mets n'est point solide, ce n'est que du vent. On a creu que le cameleon vivoit de vent, quoy qu'il vive de petites mouches qu'il attrape avec sa langue.

En ce sens il signifie figurément, Vanité, orgueuil. Cet homme a bien du vent dans la teste.

En Musique on appelle instruments à vent, ceux que l'air ou le vent fait joüer, comme les orgues, les flustes, la musette, la trompette, la saquebute, le cor, &c.

Une arquebuse à vent, est celle qu'on charge avec du vent condensé. Moulin à vent, celuy que le vent fait tourner.

VENT, en termes de Venerie, se prend pour l'odeur & le sentiment qu'une beste laisse en son passage. Le cerf est de plus grand vent & sentiment que le liévre ; il fuit toûjours avau le vent, & ne met jamais la gueule ni le nez dedans le vent. Le sanglier prend le vent de toutes parts, pour sentir & flairer s'il n'y a rien qui luy puisse nuire. On dit aussi, Chasser au vent, pour dire, Chasser contre le vent. On dit le vent du trait, lors que le cerf a eu le matin le vent du limier : ce qui fait qu'il s'en va souvent de hautes erres, & l'on trouve buisson creux. On dit aussi, qu'il ne faut pas se fier aux chiens qui en veulent au vent, c'est à dire, qui ne mettent point le nez à terre.

En termes de Fauconnerie, on dit qu'un oiseau va avau le vent, quand il a la queuë ou le balay au vent ; qu'il va contre le vent, quand il a le bec au vent ; & qu'il va aîle au vent, pour dire, qu'il vole à costé du vent. On dit qu'il bande au vent, quand il se tient sur les chiens, faisant la crecerelle. On dit aussi, qu'il tient bec au vent, qu'il chevauche le vent, lors qu'il resiste au vent, sans jamais tourner queuë. On appelle à la chasse vent leger, le vent qui est propre à la chasse, qui n'est point trop fort, mais doux & gracieux. C'est un vent clair, lors qu'il souffle pendant que le ciel est serain.

En ce sens il signifie figurément un bruit confus, une connoissance imparfaite qu'on a de quelque chose. Cette entreprise étoit fort secrette, neantmoins on en a eu quelque vent, on en a senti le vent. On a bien cherché les auteurs de ce vol, mais on n'en a eu ni vent, ni voix, quelques-uns disent voye.

VENT DU BUREAU, se dit au Palais des nouvelles qu'on apprend, qu'on descouvre, du sentiment qu'ont les Juges d'une affaire qu'on leur rapporte, quand ils s'ouvrent un peu trop. Il faut accommoder cette affaire, le vent du Bureau n'est pas pour nous.

VENT, en termes de Manege, se dit en parlant d'un cheval qui commence à être poussif. Ce cheval a du vent. On dit aussi, qu'il porte le nez au vent, ou qu'il porte au vent, quand il tient la teste haute, comme font les chevaux Croates ou Cravates. On le dit aussi des hommes qui levent trop la teste.

VENT, en termes de Marine, se dit aussi de cette agitation de l'air considerée comme le fondement de toute la navigation. Ainsi on dit, avoir bon vent, ou vent arriere, pour dire, vent en pouppe. Vent de quartier, c'est le vent qui souffle à costé, & qui est meilleur que le vent en pouppe, lequel ne donne pas dans toutes les voiles, à cause que l'artimon l'en empêche ; vent à la bouline, c'est à dire, qui se prend de costé : ce qu'on appelle un lit de vent, qui s'étend jusqu'à cinq ou six rumbs éloignés de la route. On l'appelle aussi vent largue. Un rumb de vent, c'est la route que fait le vaisseau en suivant un des 32. vents marquez sur la boussole. Mettre la voile au vent, c'est à dire, partir. On dit qu'un vaisseau est battu du vent, du mauvais vent, quand il a souffert un orage. On navige à tous vents. Vent de terre, est celuy qui repousse les vaisseaux en mer, & empêche qu'ils n'abordent.

On dit, avoir vent devant, faire vent devant, prendre vent devant, pour dire, prendre le vent par prouë : ce qu'on appelle aussi, être debout au vent, avoir le vent contraire. On dit aussi, tenir au vent, pour dire, naviger malgré le vent contraire. On dit aussi, être au vent d'un vaisseau, passer au vent d'un vaisseau, monter au vent, luy gagner le vent, avoir l'avantage du vent, le dessus du vent, lors que le vent porte un vaisseau sur un autre ; & au contraire, être sous vent, c'est avoir le desavantage du vent ; être avau le vent, c'est se laisser aller selon le cours du vent. On dit aussi, être porté d'un bon vent, pour dire, d'un vent foible ; serrer le vent, pour dire, prendre l'avantage du vent de costé, bouliner le plus qu'il est possible pour se servir du vent qui souffle. Tomber sous le vent, c'est perdre l'avantage du vent. On dit aussi, que le vent tombe, lors qu'il cesse, qu'il fait place au calme, & qu'il ne fait point de mer. On appelle aussi, partager le vent, chicaner le vent, quand on le prend en louviant, en faisant plusieurs bordées tantost d'un costé, tantost de l'autre. On dit que le vent se fit Nord, qu'il se rangea au Sud, qu'il vint à l'Oüest, pour dire, que le vent changea & souffla de ces costez-là.

Mettre le vent sur les voiles, c'est empêcher que les voiles ne prennent du vent, les disposer en une situation parallelle au vent, ensorte qu'il ne fasse que les raser ou friser. On appelle le beau temps, vent gaillard ; une fraischeur, vent à volonté & favorable.

VENTS CARDINAUX, ce sont les principaux vents qui soufflent aux quatre points cardinaux de l'Horison. On appelle un vent reglé ou alisé, celuy qui est favorable, & qui se maintient sans sauter d'un rumb à l'autre. On le dit aussi des vents de saison, qui soufflent toûjours en même saison sur certaines costes, comme la monson dans les Indes, les vents Etesiens, &c.

VENTS D'AVAL, ce sont des vents malfaisants qui viennent de la mer & du Midi. Ceux qui font des Relations les appellent Brises ou vents d'abas. Vers les costes de Canada & de la Floride ils sont grandement vehements.

VENT D'AMONT, est un vent qui vient de terre & d'enhaut, & d'Orient.

VENT FRAIS, est celuy qui est doux & rafraischissant sur terre, ou qui est favorable sur la mer.

On appelle coup de vent, un orage ou une tempeste qui dure souvent plusieurs jours ; & grain de vent, un orage subit & violent qui d'ordinaire desempare les vaisseaux, & ruine les manoeuvres. On l'appelle aussi dragon de vent, tourbillon ; les Portugais oeuil de boeuf ; les Levantins typhon & syphon.

Les vents les plus dangereux sur les costes Occidentales sont l'Est & le Sud-Oüest, ou Lebeschio ; & le Nord-Oüest, qu'on nomme Galerne : & sur la Mediterranée aux costes d'Europe sont le Sud nommé Austro, & le Nord-Est ou Bise, nommé Graeco : & le plus dangereux de tous est le Circius, que les Anciens nommoient Typhon.

Les Anciens ont fort varié sur le nombre des vents. Aristote n'en compte qu'onze, & obmet Libonotus. Vitruve en met 24. les Modernes 32.

En tout l'Ocean les vents ont des noms Allemans & Flamans ; sur la Mediterranée des noms Italiens. Voicy leurs noms modernes avec les anciens Grecs & Latins, pour les faire mieux connoistre.