VENIM, ou VENIN. s. m. Qualité maligne qui est en quelques animaux, qui est dangereuse aux autres, qui les tuë. L'Escriture & Hippocrate disent que le venim des aspics ne se peut guerir. Charras a montré par plusieurs experiences, que le venin des viperes consiste dans leurs esprits animez, qui coagulent le sang, & en empeschent la circulation : ce qui cause la mort. On dit aussi, que la rage est un certain venin qui se fermente insensiblement pendant un certain temps.

Le venim, selon l'opinion du Conciliateur dans son Traitté des venims, se dit aussi de tout ce qui est pris dans le corps, dont les proprietés sont contraires à la nutrition ; & il soustient, que comme la viande se convertit en sang, & rend ses parties semblables aux membres pour reparer ce qui s'en consume tous les jours ; le venin au contraire transmuë le corps & les membres qu'il touche en une substance corrompuë, & la convertit en sa nature venimeuse. En ce sens tous les poisons sont compris sous le nom de venim, quoy que les autres les distinguent. La plus-part des venins qui sont dangereux exterieurement, ne nuisent pas étant avalez ; car plusieurs asseurent que des gens ont avalé des araignées, & mangé des crapaux, sans en estre incommodez. Benjamin Charlius a fait un Traitté Latin de la nature des venins, intitulé Toxicologia.

VENIM, se dit figurément en choses morales, des discours de medisance, des haines qu'on garde dans le coeur, qui sont causes qu'on fait à son ennemy tout le mal qu'on luy peut faire. Il n'a pas pardonné sincerement cette offense, il luy est encore resté du venim sur le coeur. Cet homme-là s'est vengé de son ennemy en luy disant mille injures, il a jetté tout son venin. Des Auteurs qui escrivent les uns contre les autres jettent tout leur venin sur du papier.

VENIM, se dit aussi des doctrines, des maximes dangereuses qui sont cachées dans un livre, dans un discours. Les livres des Heretiques sont remplis de belle Morale en apparence, mais il y a un certain venim dangereux caché dessous.

VENIM, se dit prov. en ces phrases. Morte la beste, mort le venim, pour dire, qu'un ennemy mort ne fait plus de mal ; car en effet au propre, les bestes n'ont plus de venim, quand elles sont mortes, à la reserve de quelques-unes, comme celle de l'areste de la vive. On dit aussi, A la queuë est le venim, par allusion au scorpion qui pique avec sa queuë, pour dire, que c'est à la fin des affaires qu'on connoist si elles sont bonnes, ou mauvaises.