s. f. Beste à cornes, femelle du taureau, qui porte les veaux, & qui donne beaucoup de lait. Le songe de Joseph fut la vision de sept vaches grasses, & de sept vaches maigres. Il y a des vaches en Hollande qui donnent jusqu'à 27. pintes de lait par jour. Par l'Ordonnance de 1667. les Sergens qui saisissent sont obligez de laisser une vache & trois brebis pour la subsistance de celuy qu'ils executent.

Il y a aussi des vaches qu'on appelle de Barbarie, qui par les jambes & l'encolure ressemblent mieux à un cerf, qu'à une vache. Elles ont la teste estroite. Les cornes sont grosses, longues, recourbées en arriere, noires, & torses comme une vis. Leur queuë est plus large par la racine, que par son extremité, qui est terminée par un bouquet de crin noir. Leurs oreilles sont semblables à celles de la gazelle. Leurs yeux sont hauts & proches des cornes. Elles ont deux bosses, l'une au commencement du dos, l'autre opposée au bas du sternon. Elles ont seulement deux mammelons. On en a dissequé une à l'Academie des Sciences, dont les intestins avoient 78. pieds de long. Aldroandus dit que c'est le bubale des Anciens, parce qu'Aristote compare le bubale au cerf, & que Pline le fait ressembler à un veau, & à un cerf. Elian témoigne qu'il est fort viste à la course ; & Oppian luy attribuë des cornes recourbées en arriere. Il y a dans le pays des Antis au Perou des animaux qui ressemblent à de petites vaches sans cornes, dont la peau est si dure, qu'elle sert d'une cuirasse à l'espreuve. Les Indiens ont une grande veneration pour les vaches ; & le plus grand remede dont ils usent en toutes leurs maladies, est le pissat de vache.

VACHE, est aussi un certain poisson qu'on voit à la Chine, qui vient souvent à terre, & se bat contre les vaches domestiques. Elle les heurte de la corne ; mais quand elle a demeuré long-temps hors de l'eau, la corne s'amollit : ce qui l'oblige à se retirer dans l'eau, où elle recouvre sa premiere dureté.

VACHE, se dit aussi de la peau entiere d'une vache, soit chez le Boucher, soit chez le Tanneur, ou le Courroyeur, ou le Cordonnier. Ainsi on dit des souliers de vache d'Angleterre, de Roussi, ou de Russie ; de la vache retournée ; vache triée, habillée ; des vaches en grain, dont on fait les empeignes de souliers. On dit aussi, A la boucherie les vaches sont boeufs, & à la tannerie les boeufs sont vaches, pour dire, qu'on fait passer la chair de vache pour celle de boeuf, & le cuir de boeuf pour celuy de vache.

VACHE, se dit figurément d'une personne lasche, faineante, poltronne, tant de l'homme, que de la femme. On dit aussi d'une Nourrice qui a bien du lait, que c'est une vraye vache. Cet homme s'est enfuy comme une vache. Il pleure comme une vache.

On appelle poil de vache, un rousseau qui est de couleur fort rousse. On appelle bouze de vache, la fiente de la vache.

En termes de Danse, on appelle rut de vache, un pas où on jette le pied à costé.

VACHE, dans les marais salans, se dit du sel qu'on garde en meulon pendant plusieurs années. Ces meulons sont faits en petites piles de sel fort longues, mais peu hautes & peu larges, & couvertes en dos d'asne.

Les Imprimeurs appellent vaches, les cordes qui tiennent au berceau de la presse, & au train de derriere.

VACHE, en termes de Blason, est differente du boeuf, en ce qu'on represente la vache avec un museau long & deslié, sans aucun poil eminent entre les deux cornes ; au lieu que le taureau a le museau plus court, & un gros floquet de poil entre les deux cornes. Elle est toûjours representée passante, & la queuë tournée sur le flanc ; & le boeuf & taureau l'ont traisnante par derriere.

VACHE, se dit proverbialement en ces phrases. On dit, quand chacun se mesle de son mestier, que les vaches sont bien gardées. On dit aussi en faveur de ceux qui craignent les voyages par eau, qu'il n'est rien tel que le plancher des vaches. On dit aussi, qu'un homme a bien mangé de la vache enragée, pour dire, qu'il a bien pati, qu'il a bien souffert la faim & la disette. On dit, Aussi-tost meurt vache que veau, pour dire, Il meurt autant de jeunes que de vieux. On dit aussi, quand on fait durer une affaire en consideration de ce qu'on en tire du profit, qu'on en fait une vache à lait. On dit aussi, que les soldats courent la vache, quand ils vont à la picorée, à la petite guerre : & c'est à cette occasion qu'on dit, Bon homme, garde ta vache, pour dire, prend garde qu'on ne te vole. On dit aussi, Il viendra un temps où les vaches auront affaire de leur queuë, pour dire, qu'on peut avoir besoin quelque jour de ceux qu'on neglige, ou qu'on choque. On dit qu'un nouveau marié a eu la vache & le veau, quand il a espousé une fille grosse du fait d'autruy. On dit aussi, que le Diable est bien aux vaches, quand il est arrivé quelque sujet de querelle qui fait bien du bruit dans la maison. On dit aussi, quand on croit pouvoir obtenir facilement quelque chose, S'il ne tient qu'à jurer, la vache est à nous. On dit encore, qu'un homme est Sorcier comme une vache, pour dire, qu'il n'y a point de sortilege en tout ce qu'il fait. Les Sergens & les Procureurs disent que la vache a bon pied, quand ils ont fait quelque saisie sur une personne qui a moyen de payer les frais & les mangeries qu'ils feront. On dit aussi, que là où la vache est attachée, il faut qu'elle broute, pour dire, qu'il se faut tenir à la condition à laquelle on est attaché. On le dit aussi de la chevre. On dit d'un homme serieux, & qui ne rit point, qu'il est bon à vendre vache foireuse. On le dit aussi de la mule. On dit que celuy qui mange la vache du Roy, à cent ans de là en paye les os. Ce proverbe est purement Espagnol. On le dit aussi d'une autre maniere. Qui mange l'oye du Roy, à cent ans de là en chie la plume, pour dire, qu'on est sujet à de grandes recherches, quand on a manié l'argent du Roy. Il y a aussi un jeu d'enfants où on dit, porter à la vache morte, quand on porte quelqu'un sur son dos avec la tête pendante en bas.