s. m. Usurpateur d'un Estat, oppresseur de la liberté publique, qui s'est emparé par violence ou par adresse de la souveraine puissance. Chez les Anciens le mot de Tyran n'étoit pas odieux, & signifioit seulement Roy, ou Souverain : mais comme les peuples aimoient la liberté, ils ont appellé Tyrans, tous ceux qui leur vouloient commander absolument. Denys estoit Tyran de Syracuse ; Phalaris Tyran d'Agrigente. S. Thomas appelle Tyran, celuy qui fait tourner toutes choses à son profit particulier.

TYRAN, se dit aussi d'un Prince qui abuse de son pouvoir, qui ne gouverne pas selon les loix, qui use de violence & de cruauté envers ses sujets. Les Martyrs ont bravé la cruauté des tyrans. Neron & Caligula estoient de cruels tyrans.

TYRAN, se dit aussi d'un particulier qui abuse du pouvoir, de l'autorité qui luy a été commise, qui s'en sert à tourmenter le peuple, pour exiger plus qu'il ne doit. Dans les pays de montagnes, ou pendant les troubles, le peuple est tourmenté par quantité de petits Nobles & de petits tyrans. Les Juges esloignés des Parlements s'erigent en petits tyrans de campagne, ils ne souffrent pas qu'on leur donne la moindre assignation.

TYRAN, se dit aussi figurément en Morale, des desirs violents, du desordre de nos passions. L'amour est un cruel tyran. L'avarice & l'ambition sont des tyrans qui ne nous laissent aucun repos. L'usage est le tyran des langues. L'amour est le tyran des coeurs & des belles ames.