s. f. La vraye tutie est une fleur qui s'esleve du cuivre, lors qu'on le fond & qu'on le purifie, aussi-bien que le pompholix, qu'on nomme en Latin bulla. Ils ne different qu'en ce que le pompholix s'attache au haut du fourneau ; & la tutie par sa pesanteur tombe en bas autour des fournaises, où elle se trouve entassée de l'espaisseur d'un demi-escu blanc. Elle est grenuë au dessus, & sa couleur cendrée obscure. Leurs vertus sont presque égales, & neantmoins on prefere le pompholix, à cause de sa legereté. On reduit la tutie en poudre impalpable, en la broyant sur le porphyre, aprés qu'on l'a rougie trois fois dans un creuset, & esteinte dans de l'eau rose.

La fausse tutie est la pierre cadmienne ou calamine, qui est proprement le spodium ; & c'est un nom que les Arabes ont donné aux racines des cannes bruslées, & quelques Modernes à l'yvoire bruslée. Celle-cy est noire, & souvent plus pesante que la tutie ; au lieu que le pompholix est gras & blanc, & souvent si leger, qu'on le feroit presque voler en l'air. Cette fausse tutie se fait avec la calamine seule, en la bruslant & en recueillant ses flammesches. Il se fait du spodium de cuivre, d'or, d'argent & de plomb. Fuchsius & Agricola disent qu'outre le spodium artificiel, il y en a de mineral, de cendré, de noir, de verd, & de jaune.

Dioscoride fait mention d'une tutie Alexandrine, qu'il appelle calamine ou cadmia, qui est faite en forme de grappe ; & il dit que la meilleure est celle qui est cendrée tirant sur le verd de gris, quand elle est rompuë ; que celle d'aprés est bleuë en dehors, & blancheastre au dedans, entrelassée de certaines veines, ainsi qu'on voit dans la cassidoine, telle qu'est, dit-il, celle qu'on tire des vieilles minieres des metaux. Menage dit que ce mot vient de l'Arabe tutia.