s. m. Plante medecinale. C'est un arbrisseau de la grandeur du violier blanc. Il jette sa feuille semblable à la ruë : elle est toutefois plus blanche, & toûjours verde. Quelques-uns le font de la hauteur d'un grenadier, & il jette quantité de branches. On en tire une liqueur pendant les jours caniculaires en l'esgratignant avec des griffes de fer : mais elle sort en petite quantité. Pline dit qu'il faut l'entamer avec du verre ou de la pierre, parce que l'incision avec le fer le feroit mourir. Le meilleur baume est celuy qui a l'odeur puissante & penetrante, qui est frais, qui n'est point aigre, qui est aisé à dissoudre, astringeant, & picquant au goût. Il ne laisse aucune tache sur le drap de laine, quand il n'est point sophistiqué. Le vray baume s'achete sur les lieux le double poids de l'argent. Il ne croist qu'en Egypte & en Judée : encore Pline dit-il que de son temps ce n'étoit qu'en deux jardins appartenants au Prince, qui contenoient environ vingt journaux. Mais les Romains le firent multiplier en la Vallée de Hiericho, comme témoigne Justin. La Reine de Saba en apporta une plante à Salomon ; & Josephe dit qu'on luy a l'obligation de ce que la Judée a été depuis fertile en baume. Le suc de cette plante étoit excellent pour les parfums & pour les playes ; mais maintenant elle est tout à fait inconnuë ou sophistiquée. Cette plante s'appelle en Latin balsamum, son suc opobalsamum, son bois xylobalsamum, qui est de couleur d'or & fort odorant ; & son fruit carpobalsamum, qui est aussi de couleur d'or, pesant, picquant & bruslant à la langue.

Sur la riviere des Amazones, on trouve un arbre appellé Copayba, qu'on dit surpasser le meilleur baume d'Orient. Il croist aussi au Perou une plante qui est une espece de baume, mais qui est bien moindre en bonté : c'est un certain arbre qui ressemble au grenadier, horsmis qu'il a les feuilles dentelées tout autour comme l'ortie. Quand on fait une incision à son écorce, il en sort une gomme blancheastre & gluante qu'on a appellée baume, parce qu'on y a remarqué les vertus de l'ancien baume de Judée : mais les Indiens gardent le naturel pour eux, & nous envoyent de l'artificiel, qu'ils font en faisant bouillir le tronc & les branches hachées de cet arbre, & en amassant avec une coquille l'huile qui nage au dessus de cette decoction. Le baume artificiel est un remede qu'on employe le plus souvent à l'exterieur. On le fait d'une consistence un peu plus solide que celle de l'onguent ordinaire. Il est preparé pour recréer & fortifier les parties nobles par la bonne odeur. Il s'en fait aussi d'une consistence liquide entre celles des huiles & des liniments, dont le principal usage est pour les playes. Il s'en fait de plusieurs façons, de divers aromats & huiles distillées. L'huile de noix muscade est la base ordinaire des baumes, ou la cire blanche. On y mêle la graisse d'agneau, la moësle de cerf ou de veau, ou la manne en larmes, &c. On luy donne les noms d'apoplectique, stomachique, besoardique, hysterique, vulneraire, &c. La Framboisiere compose un baume qu'il nomme magistral, qu'il dit être excellent pour les playes, les ulceres, les hemorrhoïdes, & les gouttes froides. On appelle aussi le baume du Samaritain, de l'huile commune meslée & cuitte avec du vin, parce qu'on croit que le charitable de l'Evangile qui le guerit se servit de ce remede.

On appelle des Charlatans, Vendeurs de baume, qui vendent des onguents ou des huiles pour les playes, qu'ils nomment abusivement de ce nom. Ils vendent aussi une certaine liqueur pour le fard, qu'ils appellent du baume blanc.

BAUME, suivant quelques Chymistes, n'est autre chose que l'ame du sel commun extraite par l'art. Ils le font dissoudre à l'humide, & ils mettent sa resolution bien clarifiée dans du fumier de cheval pour la putrifier pendant deux ou trois mois, & ensuitte ils la font distiller fortement avec feu de sable ; il en monte une onctuosité precieuse, dans laquelle mettant tremper les choses les plus corruptibles, elles demeureront éternellement entieres. Ils disent que c'est par ce moyen que les Anciens les plus curieux ont conservé des corps entiers sans les reduire en mommies ; & que c'est ainsi que fut conservé le corps d'une femme dont parle Volaterran, qui fut trouvé dans un Mausolée prés d'Albane du temps d'Alexandre VI. lequel par son ordre fut jetté secrettement dans le Tybre pour éviter l'idolatrie ; car il paroissoit vivant & tres-beau, quoy qu'il fût mort il y avoit treize siecles.

BAUME, est aussi une petite herbe qu'on met à la salade, qui est odoriferante, & qu'autrement on appelle menthe.

BAUME, se dit figurément de ce qui est de bonne odeur, ou qui cause la guerison. A l'ouverture des Reliques de ce Saint il en sortit un baume precieux qui parfuma tout l'air d'alentour. la grace que les Sacrements conferent est un baume qui guerit toutes les playes de nos ames.

On dit proverbialement d'une chose agreable, comme de l'argent comptant, que cela flaire comme baume. On le dit quelquefois en contre-sens & ironiquement de ce qui est tres-puant.