s. m. Perte & dommage accompagné de quelque injustice. Il se dit tant à l'actif qu'au passif, de ce qu'on fait souffrir, & de ce qu'on souffre. La charité Chrêtienne ne veut pas qu'on fasse tort à son prochain. On ne peut avoir l'absolution, qu'on ne repare le tort qu'on fait à autruy, soit en ses biens, soit en sa reputation. Les anciens Heros des Romans étoient des redresseurs de torts, ils faisoient reparer les injures qu'on avoit faites aux Dames. Voila un établissement fort utile, qui ne fait tort à personne. Ce mot vient de tortus ou tortuosus, selon Nicod ; ou de tortum, selon Menage, qui se trouve dans les Capitulaires de Charles le Chauve.

TORT, se dit aussi des accidents de la fortune qui causent de la perte. Il est venu une gresle, un incendie, qui ont fait tort à ce Fermier de plus de mille escus. L'absence de la Cour fait grand tort aux Marchands, ils ne vendent rien.

TORT, se dit aussi de ce qui n'est pas raisonnable ni bien fondé. Vous avez raison, & je n'ay pas tort. Dans les querelles on donne toûjours le tort à l'aggresseur. Il est appellant de cette sentence pour les torts & griefs qu'il desduira en temps & lieu. On fait des offres à une partie, pour la mettre en son tort. Un Juge a grand tort, qui condamne une partie sans l'entendre. On le dit quelquefois par civilité. Vous avez tous les torts du monde de n'estre pas venu loger chez moy, de ne m'avoir pas fait connoistre vos besoins.

On dit proverbialement, Qui doit a tort, pour dire, qu'on presume toûjours que quand on plaide, c'est qu'on ne veut pas payer. On dit aussi, que le mort a toûjours tort, pour dire, qu'il est aisé de condamner celuy qui ne se peut pas deffendre.