subst. masc. Publication à haute voix, au son du tambour, ou de la trompette, ou des tymbales, de l'ordre d'un Superieur, ou de la part du Roy & de la Justice. On a fait un ban portant deffenses de sortir du camp, d'aller à la petite guerre. On a fait un ban dans les carrefours, qui deffend les passements d'or & d'argent. On trouve ces phrases dans les Coustumes, Crier au ban. Cas de ban. A peine de ban. Proceder à ban, &c. On appelle aussi Ban, la publication & le cri que fait faire le Seigneur Feodal pour se faire rendre les hommages, ou luy payer les redevances, & le venir reconnoistre. On dit aussi Ban de vendanges, Ouverture de ban, &c. pour dire, la publication de la permission des vendanges. Du Cange dit qu'on a appellé aussi l'Excommunication, le ban de l'Evêque. Menage derive ce mot de l'Allemand ban, qui signifie proprement publication, & ensuitte proscription, parce qu'elle se faisoit à son de trompe, d'où sont venus les mots de bannir, ban, bannissement, de bandi, de ban, & arriere-ban, banlieuë, banniere, bannal, abandonner, &c. Nicod le derive d'un autre mot Allemand ban, qui signifie champ, & territoire, dautant que c'est en vertu de ce qu'on tient des Fiefs, champs & heritages, qu'on est obligé au ban, & arriere-ban ; & que le four à ban est le four du territoire de la Seigneurie. Borel le derive du Grec pan, qui signifie tout, parce que la convocation est generale.

BAN, se dit aussi des publications qui se font aux prosnes des Parroisses des noms de ceux qui veulent se marier, ou prendre les Ordres. Le Concile de Trente a ordonné la publication de trois bans pour empêcher les mariages clandestins. Ces publications ne sont pas de l'essence du mariage. On obtient aisément dispense des bans. On achete les deux derniers bans, quand le premier a esté publié.

BAN, se dit aussi de la publication qui se fait pour convoquer tous les Nobles d'une Province pour servir le Roy dans ses armées, suivant qu'ils y sont obligés par la Loy des Fiefs. On a publié le Ban, & l'Arriere-ban.

BAN, est aussi l'Assemblée de ces Nobles en corps d'armée. Le Ban, & l'Arriere-ban est long-temps à se mettre en campagne.

BAN, se dit aussi des assignations qui se font à cri public aux vassaux pour comparoir devant leur Souverain en certaines occasions, & pour rendre compte de leurs actions. Les Princes d'Allemagne sont souvent assignés, sont mis au ban de l'Empire, & on confisque leurs Fiefs, faute d'y rendre l'hommage & le service dont ils sont tenus.

BAN, signifie aussi, Bannissement ; & on dit en termes de Palais, Il luy est enjoint de garder son ban à peine de la hart. il a obtenu un rappel de ban.

BAN, signifie encore, un endroit & un lieu public qu'ont les Seigneurs des grands Fiefs pour obliger tous les habitans d'une Seigneurie de venir cuire au four du Seigneur, de moudre à son moulin, ou d'apporter leur vendange à son pressoir. Ainsi on dit, un four à ban, un moulin à ban, un pressoir à ban ; & on appelle Sujets banniers, & Droit de bannée, ceux qui sont obligés à ce droit. En quelques Coustumes on appelle Four bandier, Moulin bandier, ce qu'on appelle ailleurs bannal.

On dit proverbialement d'un homme qui a une bouche trop fenduë, qu'elle est grande comme un four à ban.