s. f. Petite boule ou globe à jetter ou tirer en l'air. Il s'en fait de plusieurs sortes. Une balle de jeu de paume est faite de petites bandes de laine bien battuës, bien liées & bien arrondies, & couvertes d'une autre bande de laine blanche ou de feutre. Aller joüer une douzaine de balles. ce Marqueur a compté en frais une grosse de balles. un esteuf est une petite balle couverte de cuir. Ce mot est fait de palla, d'où on a fait aussi ballote, ballon & balloter. Menage. Mais Nicod le derive du Grec ballo, mitto, j'envoye. Du Cange le derive de l'Anglois ball.

BALLE de mousquet, de pistolet, d'arquebuse à feu, ou à vent, & même d'arbaleste, se dit de certaines petites balles de plomb, de fer, de pierre qui servent à charger ces armes. Une balle de calibre. un pistolet chargé de deux ou trois balles. cette garnison est sortie tambour battant, mesche allumée, balle en bouche, c'est à dire, avec le mousquet chargé, & une balle dans la bouche pour recharger plus prestement.

En Artillerie, quoy qu'on dise ordinairement boulet de canon, neanmoins on dit aussi balle en quelques occasions. Un canon de batterie porte trente-six livres de balle. dans les saluts de mer, pour faire plus d'honneur, on tire des canons chargés à balle.

BALLE RAMÉE, se dit à l'égard du mousquet, de deux balles attachées ensemble par un fil de fer : & pour le canon, ce sont deux demi-boulets qui sont joints ensemble par une barre de fer pliée en forme de charniere de compas. Ces balles étant sorties, s'écartent & couppent des cordes, des voiles, & même des masts. On les appelle aussi balles à fiche, & anges.

BALLE, se dit aussi des marchandises ou meubles qu'on veut transporter au loin, & qu'on empaquette dans de la toile, aprés les avoir bien garnies de paille pour empêcher qu'elles ne se mouillent, ou qu'elles ne se brisent. Toutes les marchandises qui viennent aux Foires sont en balles. il y a de petits Merciers de campagne qui portent des balles sur leur dos.

On appelle aussi des marchandises de balle, celles qui viennent de loin dans des balles, qui sont d'ordinaire fabriquées avec peu de soin par de méchants ouvriers, ou de méchante matiere, à la difference de celles qu'on commande aux ouvriers choisis, & qu'on voit faire devant soy. Les pistolets de St. Estienne en Forests sont des marchandises de balle, ils sont faits de fer aigre & trop à la haste.

En ce sens on le dit figurément de toutes les choses qu'on méprise, ou qui ne valent rien. Ce sont des nouvelles, des contes de balle.

On appelle aussi une balle de dez, un paquet de dez où il y en a plusieurs douzaines. On a trouvé autrefois dans la besace d'un Cynique une balle de dez, & le portrait d'une Courtisanne. Balsac.

BALLE, en termes d'Imprimerie, est un tampon avec lequel on prend l'encre, & où on met ce qu'il en faut pour toucher sur les formes ou sur les planches.

BALLE, est aussi une petite paille ou gousse qui sert d'enveloppe deliée au grain de bled quand il est dans l'espi, & qui s'en separe en le battant & en le vanant. La balle est un bon fourrage pour les bestiaux.

On dit proverbialement, Au bon joüeur la balle luy vient, pour dire, qu'un homme qui est habile en une profession n'y fait point de fautes, y reüssit ordinairement. On appelle, Enfants de la balle, les enfants qui suivent la profession de leur pere, & entre autres les enfants d'un Maistre de tripot avec qui il fait dangereux de faire partie. On dit aussi, Prendre la balle au bond, pour dire, Estre prest à se servir de l'occasion, ne la laisser pas échapper. On dit aussi, A vous la balle, ou A vous le dé, pour dire, C'est à vôtre tour à parler, à agir. On dit aussi figurément d'un homme qui s'est saoulé jusqu'à crever, que son estomac est chargé à balle.