v. act. & n. S'abstenir de parler, ne découvrir pas une chose qui doit être secrette. On a donné autrefois de grosses sommes à Demosthene pour se taire. Le vice des femmes est de ne pouvoir se taire, de ne pouvoir garder un secet. Les Huissiers sont dans les Audiences pour faire taire les causeurs, pour faire faire silence.

TAIRE, signifie aussi, Rendre confus, empêcher de repliquer. Cette raison convaincante luy ferma la bouche, le fit taire. Si je luy reproche certaine action, je le feray taire, je le rendray confus & muet. C'est un homme qui ne se peut taire, quand il est sur les loüanges du Roy. Il ne se peut taire des cruautez qu'il a souffertes en captivité.

TAIRE, signifie aussi, Dissimuler, obmettre de dire une chose qu'il est necessaire d'exprimer. C'est un vice essentiel dans une provision de Cour de Rome, de taire, de dissimuler le nombre, la qualité des autres Benefices qu'on possede. Il a receu une seconde fois son payement, taisant qu'il avoit été satisfait d'ailleurs.

TAIRE, signifie aussi, S'abstenir de parler. Ainsi Regnier a dit de son Pedant :

Ciceron il s'en taist, dautant que l'on le crie

Le pain quotidien de la Pedanterie.

TAIRE, se dit aussi des choses qui cessent de faire du bruit. L'orage est un peu appaisé, les vents se taisent, ne font plus de bruit. Les cloches se taisent le jour du Vendredy Saint. On dit qu'on fait taire les grenouilles d'un marais en esté en leur faisant voir du feu.

TAIRE, se dit figurément en Morale, & signifie, Plier, ceder, obeïr. Au milieu des armes les loix se taisent. Racine a dit fort elegamment en parlant d'Alexandre :

Et la terre en tremblant se taire devant vous :

dans la pensée de l'Escriture, Et in conspectu ejus terra siluit.

TEU, TEUË part. pass. & adj.