SUJET, ETTE. adj. Qui est obligé par sa nature ou sa condition, ou par son devoir, à faire & à souffrir plusieurs choses. Les hommes en naissant sont sujets à souffrir les injures de l'air, sont sujets à mille maux & incommoditez. Les vieillards sont sujets aux fluxions, aux caterres, & enfin sont sujets à mourir. Les frontieres sont sujettes aux insultes des ennemis, aux courses, aux ravages. On dit que les noyers sont sujets à être frappez de la foudre. La Hollande est sujette aux inondations. Le papier mal collé est sujet à boire. Le peuple est sujet à contribuer aux charges de l'Estat & de la ville.

On dit en ce sens, qu'un homme se rend fort sujet à sa charge ; qu'un Commis est fort sujet, & même que son employ est fort sujet, quand il faut un grand soin, une grande assiduité pour y faire son devoir. On dit aussi, Tenir un cheval sujet, quand on manie un cheval la crouppe dedans, en faisant des voltes, ensorte qu'il n'eschappe pas, & qu'il obeïsse bien au cavalier. Cet heritage est fort sujet, il est chargé de plusieurs redevances, de plusieurs servitudes envers le Seigneur dominant. Tous les hommes sont sujets aux loix divines, & les peuples à celles de leur pays.

SUJET, se dit figurément en Morale des passions. Cet yvrogne est sujet au vin, à son ventre, sujet aux femmes. C'est un indiscret sujet à médire ; un fantasque sujet à ses caprices ; un violent sujet à s'emporter ; un filou sujet à piper, c'est à dire, ils ont coûtume de faire ces choses.

SUJET, se dit proverbialement en ces phrases. C'est un bon Prince qui ne foule gueres ses sujets, pour dire, C'est un homme doux & simple, qui n'est pas capable de rien entreprendre. On dit aussi, qu'un homme n'est pas sujet à un coup de marteau, quand il n'est pas obligé de se rendre precisément à certaines heures à certains devoirs. On dit qu'un homme est fort sujet à caution, lors qu'il est sujet à mentir, à desrober, à tromper, &c.