subst. masc. C'est une espece de gros herisson qui est revestu de gros aiguillons. Leur difference est que le porc-espic naist en Afrique, & le herisson est commun dans l'Europe ; & que les aiguillons du porc-espic sont plus longs à proportion que ceux du herisson. On a dissequé à l'Academie des Sciences plusieurs porcs-espics, dont voicy la description. Le plus grand avoit dix-huit pouces depuis le museau jusqu'à l'extremité des pieds de derriere. Il avoit par tout le corps une soye, ou gros poil luisant, semblable par sa grosseur, sa figure & sa couleur à la soye du sanglier ; ce qui l'a fait appeller par les Grecs hystrix, c'est à dire, poil de porc. Cette soye avoit trois pouces de long par tout le corps ; mais au dessus du cou elle estoit longue d'un pied, & trois fois aussi grosse qu'ailleurs. Elle faisoit aussi un panache sur la teste d'environ huit pouces, & des moustaches de six pouces. Ce panache estoit blanc depuis la racine jusqu'au milieu, & le reste de chastain brun. Il y avoit encore sur le dos des picquants de deux especes ; les uns plus forts, plus gros, plus courts & plus pointus, & trenchants à maniere d'alesnes. Les autres estoient d'un pied de long, & plus flexibles, dont la pointe estoit applatie & moins forte. Ils estoient durs & luisants en leur surface, & le dedans d'une substance spongieuse & blanche. Il y avoit encore une autre espece de picquants dont l'extremité sembloit avoir été couppée, le reste estant blanc, creux & transparent comme un tuyau de plume à escrire, ayant un peu plus d'une ligne de diametre, & trois pouces de long, rayez selon leur longueur de petites rides. Leur racine estoit menuë comme une espingle, quoy que longue de six lignes. Les picquants les plus forts & les plus courts tiennent peu à la peau. Ce sont ceux-là que ces animaux lancent contre les Chasseurs en secoüant leur peau, comme les chiens au sortir de l'eau. C'est pourquoy on les appelle fuseaux ou flesches ; & ces animaux les decochent de telle roideur, qu'ils blessent souvent les chiens & les Veneurs ; & on a dit deux, qu'ils estoient tout ensemble l'arc, la flesche & le carquois. Leurs pieds de devant ont quatre doigts, & ceux de derriere cinq. Ils sont formez comme ceux de l'ours, le gros arteil estant en dehors. Ils n'ont que la plante degarnie de picquants. Leurs pieds, ni leur grouin ne sont point semblables à ceux du pourceau, comme ont dit Albert le Grand & Claudian. Ils ont la levre superieure fenduë comme le lievre. Leurs dents sont comme celles des castors, & trenchent à la maniere des ciseaux. Leur langue est garnie pardessus de plusieurs petits corps osseux en forme de dents. Leurs oreilles sont couvertes d'un poil fort delicat, & applaties contre la teste, comme celles de l'homme & du singe. Leurs yeux sont petits comme ceux du pourceau. Leur peau est attachée aux muscles peaussiers, principalement à l'endroit des forts picquants. Albert dit qu'ils ont deux anus, mais il y en a un destiné à la generation, comme il arrive à la civette & au castor. On en a trouvé un qui avoit deux rates & un rein succenturié. Ces animaux ne sortent point de leur tanniere tout l'hiver, non plus que l'ours. Ils vivent de fruits & de raisins, & on les chasse comme les blaireaux, car ils se cachent en terre comme eux. En Latin porcus spicatus, en Grec hystrix.