SOT, OTTE. adj. & subst. Niais, despourveu d'esprit, qui dit & qui fait des impertinences, des actions ridicules. Le nombre des sots est infini, dit le Sage. C'est le propre du peuple d'être sot, credule, inconstant. Il n'y a que des sots qui donnent dans le piege. Un sot réjouït d'abord une compagnie, mais il l'ennuye à la fin. Quand une affaire reüssit mal, on se trouve tout sot, on est sot, on n'a pas le mot à dire. C'est un sot esprit, un homme mal tourné, qui prend les choses de travers. Comme il y a de sots Auteurs, il y a aussi de sots Lecteurs. Un maistre dit aussi à son valet, Vous estes un sot, quand il dit ou fait quelque chose mal à propos. Ce mot, selon Cujas & Heinsius, vient du Syriaque sote, qui signifie fou. Mais, selon Menage, il vient de stolto derivé de stolidus. Du Cange le derive de sottus, qu'on a dit dans la basse Latinité dans le même sens. Il vient plûtost du mot sot, qui du langage Celtique ou Bas-Breton a passé tout pur en nôtre Langue, où on dit aussi sotoni pour signifier sottise.

On dit aussi, qu'un homme a fait le sot, quand il s'est engagé en quelque meschante affaire, & sur tout quand il en a esté adverti. C'est un sot à vingt-quatre carats.

SOT, se dit aussi des choses. Il a entrepris là une sotte affaire, un sot dessein. Voilà un sot logis, incommode, mal basti. Il m'a tenu un sot discours, c'est à dire, choquant. Voilà un ragoust qui n'est pas tant sot, pour dire, qu'il est assez bon.

SOT, signifie aussi un cocu, un cornard, le mari d'une femme dissoluë ou infidelle. On dit par injure à un homme, que c'est un sot en trois lettres. Vous estes un sot, respect de vôtre femme. On faisoit autrefois à Paris une mommerie d'Angoulevent ou du Prince des sots, pour se mocquer des cocus. On dit aussi, que les sots sont de la grande Confrairie.

SOT, se dit proverbialement en ces phrases. C'est un sot, il sera marié au village. Il y a d'aussi sottes gens en ce monde qu'en lieu où on puisse aller. On dit aussi, Sot qui s'y fie, pour dire, Il faut prendre ses precautions.