subst. masc. Nom & titre d'honneur qu'on donne maintenant au Roy seul, comme une marque de souveraineté. Dans les placets & requestes qu'on adresse au Roy, on met toûjours à costé, Sire. Les Epistres qu'on luy dedie, les discours qu'on luy fait commencent & finissent par Sire. Quelques-uns derivent ce mot de herus, Latin ; & de cette opinion est Guillaume Budée, qui en parlant au Roy François I. l'appelle toûjours Here, c'est à dire, Sire, ou Maistre : d'autres de Kyrios Grec, signifiant Seigneur ; & Pasquier est de cet advis, disant que les Anciens donnoient ce titre à Dieu, & l'appelloient Beau Sire Diex : d'autres des Syriens, pretendant que ce nom a été donné d'abord aux Marchands qui trafiquoient en Syrie. Menage pretend qu'il vient de Senior, dont on a fait Seigneur, & ensuite Seignore, Sire. Du Cange le derive de Ser, qu'on a dit dans la basse Latinité pour signifier Dominus, dont les Italiens ont fait Messer, & les François Messire.

SIRE, signifioit aussi, Sieur, & Seigneur, & se disoit des Barons, des Gentilshommes, & des bourgeois. Le Sire de Joinville a escrit l'Histoire de St. Louïs. Le Sire de Coussi, ou Seigneur de Coussi. On disoit autrefois, le Sire de l'ost, pour dire, le General de l'armée.

SIRE, est aussi une qualité qu'on a donnée au peuple, & qu'on a jointe à leur nom propre, comme on fait à present. Maistre Sire Jean, Sire Pierre. Marot a dit en une Epigramme, Sire Michel, Sire Bonaventure ; & on le dit encore d'une maniere proverbiale & en raillerie. Ouy dea, beau Sire. C'est un Sire, un maistre Sire, pour dire, C'est un maistre homme, il est intelligent en son mestier. Il fait le Sire, pour dire, le Monsieur.