s. m. Arbrisseau qui croist en Ethiopie sur les bords du Nil. Sa tige est haute d'une coudée, d'où sortent plusieurs petites branches douces & pliables comme un osier. Ses fleurs sont jaunes, & semblables à celles du chou ou de la coluthea, meslées de certains petits traits rouges. Ses feuilles sont longues & pointuës, espaisses, grassettes, & ressemblantes à celles de la reglisse, & ont le goust de féves. Leur couleur est verde-pasle. Il en naist de petites follicules ou gousses recourbées comme une faucille, qui sont si plattes, que la peau de dessus touche celle d'embas. Elles renferment une graine noire tirant sur le verd, semblable à un pepin de raisin, qui represente un coeur. Elles tiennent à une queuë si mince, qu'elles tombent au premier vent étant meures. Il n'y a aucun Auteur Grec qui ait fait mention du sené, ni Dioscoride, ni Galien, ni Aegineta. Matthiole dit qu'il y a du sené qui croist en Italie, & qu'il ne vit que six mois. Le meilleur sené est celuy qui est le plus net de buschettes & de feuilles mortes, qui est doux, quand on le manie à poignée, & d'une odeur assez forte. Le vray sené ne se trouve que dans les bois d'Ethiopie. Les Negres le vont ramasser, & en portent de grands batteaux jusqu'au Caire. Le Consul François resident au Caire en tenoit cy-devant le party, moyennant un present de trente mille ducats qu'il faisoit au nouveau Bassa. Quand il l'avoit tout amassé, il en faisoit trois lots, dont il en brusloit deux, & envoyoit le troisiéme en Europe. Mais Mr. Bernier nous apprend que ce sont les Juifs qui font maintenant tout ce negoce. Les Medecins d'Europe l'employent en toutes leurs purgations & tisannes. En Latin senna.